Cet article date de plus de douze ans.

Rencontres hors du temps

On les appelle les fantômes parce qu'ils ne laissent pas de traces. Ils sont complètement intégrés à la nature et même exclusivement dépendants d'elle. Ce sont des minimalistes, des survivalistes, des décroissants, des écologistes intégristes.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (©)

Le photographe
Eric Valli les a suivis pendant plusieurs mois pour comprendre pourquoi et
comment ces hommes et ces femmes ont  choisi un retour aussi absolu à la nature.
C'est ce qu'il nous raconte, et nous montre, 
dans un livre paru chez La Martinière, "Rencontres hors du
temps".

Cela a parfois
des allures de voyage dans la préhistoire. Eric Valli a accompagné ces "off
the grid", ces déconnectés, aux Etats-Unis. S'ils ont l'air de marginaux,
on en compte quand même un peu plus d'un million à travers le pays. Il y a
John, un ancien trader richissime de Wall Street qui vit aujourd'hui comme un trappeur
dans une cabane. Il y a Lynx, une anglo-suédoise qui, après une période
suicidaire sex-drug-rock'n'roll, a eu la révélation de la forêt. Depuis 22 ans,
elle vit au milieu des Rocheuses comme au paléolithique. Elle confectionne ses
vêtements avec des peaux qu'elle découpe avec des silex après avoir tuer
elle-même les bêtes à coup de flèches. Lynx enseigne aujourd'hui la vie
primitive à des étudiants venus du monde entier.

Tous ces
personnages qu'a rencontrés Eric Valli sont un peu rêveurs, un peu hurluberlus.
Ils ont pris conscience un jour que les êtres humains étaient réduits à de
simples consommateurs avec des contradictions parfois difficiles à supporter.
C'est le cas pour Todd…

"Todd est un ancien ingénieur qui était à la pointe
de la recherche puisqu'il faisait des recherches à l'université de Californie
sur les batteries pour les moteurs hybrides. Donc à la pointe de la recherche.
Et il s'est rendu compte… je vais donner une anecdote : il s'est retrouvé à
fabriquer ses batteries soit disant propres, rentables etc, avec un masque sur
le visage avec des gants… en train de manipuler des produits chimiques
absolument terribles. Et il s'est dit mais quoi, je vais sauver la planète en
employant des produits toxiques ? Qu'est ce que c'est cette histoire, il y a
quelque chose qui ne va pas !"

Eric Valli a
joué le jeu de ces écologistes absolus. Il a partagé leur mode vie, et c'est
une véritable épreuve physique et morale. Mais la réflexion est nécessaire.
Tous ces gens ont finalement choisi de reprendre le contrôle total de leur vie.
Ils ne dépendent plus que d'eux même. Dans un monde globalisé, c'est peut-être
là qu'est la vraie liberté.

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