Les pompes de Ricardo Jésus
Les reportages de Patrick Chauvel sont traversés par
autant d'histoires humaines. Si une photo, c'est un instant figé pendant un
125ème de seconde, il y a tout ce qu'il y a avant et après la photo. Ce sont
ces rencontres que Chauvel fait revivre
dans son dernier livre, "Les pompes de Ricardo Jésus", paru aux
éditions Kero.
Après les
révolutions du printemps arabe, Patrick Chauvel s'est souvenu de ces hommes et
de ces femmes croisés lors des révolutions sud-américaines. Parmi ces
rencontres, il y a Maria dont tout le monde était amoureux et Mgr Romero avant
son assassinat au milieu d'une messe qu'il célébrait au Salvador. Il raconte
comment il a fait la connaissance de Bob Marley sans vraiment croire que
c'était bien lui et comment le King l'a enfumé avec un joint qui l'a rendu
malade trois jours !
Fils de Jean-François Chauvel, grand
reporteur à l'AFP, au Figaro, à Cinq colonnes à la Une et neveu du cinéaste Pierre
Schoendoerffer, Patrick Chauvel est d'abord animé par le goût de l'aventure,
égoïstement, il le reconnait. Sa passion, c'est aussi de dire ce qui se passe à
l'autre bout du monde. Il est aussi persuadé que lui et ses confrères sont
utiles. Faire en sorte que les gens ne puissent plus jamais dire : "on ne
savait pas". C'est quasiment une vocation....
"Aujourd'hui, il y a non seulement les téléphones
portables des Egyptiens, des Tunisiens, des Yéménites, de tous ces jeunes qui
essaient de nous montrer ce qui leur arrive, et on dirait des noyés qui tendent
le bras et qui nous appellent au secours. Et notre métier c'est d'aller les
voir et de prendre le relais. Et le public, on ne peut plus lui donner cette
possibilité de dire "on ne savait pas". Ils peuvent dire "je ne
voulais pas savoir". Donc, si un
jour ça nos tombe sur le coin de la gueule... on vous avait prévenu. On vous
avait prévenu que l'intolérance, que la xénophobie, que le racisme ça mène à
ca. Moi, j'ai connu Beyrouth, ville absolument géniale où tout le monde se
mélangeait. J'ai connu Sarajevo pareil, et du jour au lendemain, on sait ce qui
s'est passé. On sait ce qui s'est passé grâce à nous."
Patrick
Chauvel a donné de sa personne pour assurer cette mission. Les nombreuses
cicatrices qui marquent son corps sont les témoins de cet engagement. Mais ça
n'enlève rien à son envie de courir le monde, même s'il se plaint de son dos
aujourd'hui...
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