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Le ciel et la boue

En 1960, une expédition franco-hollandaise réussit la première traversée nord-sud de la Nouvelle-Guinée. Sept mois d'épreuves avec à la clef le premier contact avec les Papous des montagnes. Le film de cette aventure a obtenu l'Oscar du meilleur documentaire en 1961. Le DVD est aujourd'hui disponible.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Le Ciel et la Boue)

A l'époque, il y a encore des taches blanches sur nos planisphères. En 1959, une équipe franco-néerlandaise conduite par Pierre-Dominique Gaisseau et Gérard Delloye part explorer la Papouasie Nouvelle-Guinée. Une véritable plongée dans un monde où les hommes vivent encore à l'âge de pierre. De cette expédition, il reste un documentaire qui a reçu un Oscar en 1961, le Ciel et la Boue. Ce document exceptionnel est à nouveau disponible en DVD.

Nous sommes chez les chasseurs de tête, les cannibales. Dans cette région, la guerre est la digne occupation des hommes. Elle n'épargne personne, ni les femmes, ni les enfants. Quelques temps avant l'arrivée de l'équipe, une bataille a encore fait 73 victimes.

Très vite, arrive le premier contact. Dans un campement déserté, un petit groupe d'hommes vient à la rencontre des explorateurs. Des blancs ne sont jamais venus jusque là. Pas de discours, mais des cadeaux. Gaisseau est un peu gêné de ne donner que des bouts de tissu rouge et du tabac. En échange, il reçoit des arcs et des flêches, un symbole fort….

Pourquoi se séparer ainsi de leurs seules armes ? Et bien d'abord, c'est un gage de paix et puis contre nous, ils les jugent insuffisantes. Ces crânes pendus à leurs cous les protègent des esprits. Et ils nous rangent dans la catégories des esprits. Ce qui est plutôt flatteur mais nous ne savons pas dans quelle mesure cela nous rend invulnérable.

La suite du voyage sera éprouvante. La progression dans la forêt est difficile. Les hommes n'avancent que de 6 kilomètres par jour. Il leur faut parfois abattre des arbres pour construire des ponts. Il y a beaucoup de malades….

Nous replongeons dans la moiteur d'étuve de la forêt avec les sangsues, les moustiques, les serpents, abasourdis par les insectes 24 heures sur 24 jusqu'à l'exaspération. Et les mouches… là comme ailleurs, les mouches gluantes qui se fourrent partout, dans le riz, dans l'eau sale qui nous sert de boisson, et jusque dans le mécanisme de la caméra. Après tout, ce n'est guère plus exaspérant pour l'épiderme que le tintamarre pour les tympans. Le soir, on se couche comme une brute, dans la boue… On se cale comme on peut, il n'y a pas de terrain plat. Il pleut, tout est trempé. Les moustiquaires déchirées n'arrêtent pas la vermine. ;Et le matin, à l'idée de repartir, on a la nausée. On n'avance pas, one se traine… avec ces blessés qu'il faut porter.

L'expédition a duré sept mois, pour 700 kilomètres dont 200 totalement inconnus. Trois hommes ont trouvé la mort emportés par la maladie.

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