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"Les Chérubins électriques", de Guillaume Serp

Les Chérubins électriques, de Guillaume Serp, publié chez L'éditeur singulier, est un texte qui sonne aujourd'hui un peu comme un résurrection.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Un texte oublié, un premier roman signé par un jeune homme
qui n'est plus, et que vient d'exhumer, superbement, un tout petit éditeur
nommé L'Editeur singulier.

Guillaume Serp publia cet unique texte en 1983, chez Robert
Laffont. Il avait 22 ans, deux ans après il avait enregistré son premier
disque, et il travaillait sur deux autres romans qu'on ne vit jamais. En effet,
en 1987, Guillaume Serp tirait sa révérence laissant ce livre, qui devait
devenir, comme disent les jeunes, rapidement culte.

Guillaume Serp était une rock star aux allures de
comète, une figure de la new wave française. De son vrai nom Guillaume Israël, il
fut le chanteur du groupe Modern Guy, l'un de ces groupes new wave qui
fleurirent à Paris au tout début des années 80, il écrivit des chansons pour
Lio. Il interviewa l'écrivain Bukowski le jour de son passage scandaleux à
Apostrophes. Une vie courte, donc, polarisée par la passion du rock et de la
littérature.

L'histoire

C'est un peu comme les souffrances du jeun Werther, mais à
Paris, à la fin des années 70, en pleine ère du punk, mouvement stylé et
désenchanté, mal connu, aussi, avec un jeune homme qui s'appelle Philippe, mais
qui se fait appeler aussi Phoebus, ou Rodney, quand il fait de la musique.

On est à la fin des années 70, c'est l'ère du punk,
mouvement stylé et désenchanté, et Philippe passe sa journée à lire, à aller
acheter la Pravda au drugstore, oui, la Pravda, car il trouve ça beau, à boire
des cocktails sophistiqués comme les Singapore Slings ou des Blue lagoons, il
rêve aux filles qu'il n'a pas ou qu'il n'a plus et qui portent les noms
étranges de d'Ancilla Darling, de Deliciosa ou de Cassandre. Parfois il dort
avec elle, il est doux ou cruel,  il vit
dans de grands appartements où il écoute Lou Reed ou Kraftwerk, et quand la
nuit tombe il file au Palace, au roxy, au Viennois ou au Bonbeck avec des
filles en perfecto de cuir rouge qui ressemblent à, dit-il, une aube d'été. S'ensuivent
des gueules de bois poétiques et de grandes décisions, monter un groupe de rock
qui s'appellerait Philippe et les chics types et écrire un roman mélancolique
et scintillant.

Un peu mélancolique

Ce texte a le goût des confessions d'un enfant du siècle à
l'ère du punk, parce qu'on entend vraiment la voix d'un écrivain au travers,
parce que c'est diablement stylé, mordant, incarné. Il y a un ton qui fait que
ce texte qui aurait pu rester anecdotique vous percute de façon décisive et
n'est pas sans faire songer, non plus, aux premiers textes du jeune Bret Easton
Ellis qui arrivera quelques années plus tard.

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