Le générique, ce superbe objet visuel
C'est un élément indispensable. Même réduit à sa plus simple expression, comme par exemple dans la série The Good Wife dont nous parlions la semaine passée, le générique est indispensable à la série télévisée. On n'imaginerait pas une fiction qui en serait totalement dépourvue.
Dans l'histoire, ils ont parfois servi à présenter les noms des principaux acteurs, producteurs et scénaristes. En raison du manque de temps et de place tous les participants à la production de l'oeuvre ne pouvaient pas être mentionnés, mais les principaux étaient là.
Le générique a pris des formes bien différentes au cours des décennies, mais il a gardé une fonction commune à toutes les fictions: il demeure une affiche comme celle employée pour annoncer les sorties cinématographiques. Avec cet avantage d'être animée et de pouvoir choisir sa durée.
Le générique est un sas, une porte d'entrée dans la série. Il doit en révéler le ton, l'atmosphère, le rythme, les personnages essentiels, la texture d'image, etc. mais sans jamais rien dévoiler de ce qui va constituer le centre de l'histoire, le coeur de l'intrigue, le noeud du récit. C'est un exercice subtil qui exige des talents particuliers au point qu'il est fait appel à des specialistes du genre.
Un élément rassurant
Certains génériques deviennent tellement complexes, si parfaitement réalisés qu'ils font l'objet d'études pour eux-mêmes. On peut penser à celui de Dexter , à celui de True Blood ou encore à celui de Treme . Leur fonction d'annonce est essentielle: le générique devient alors une chose connue, répétitive, qui place le spectateur dans un état d'attente tout en le rassurant: le générique lui indique qu'il est en terrain connu.
Outre des éléments récurrents, le générique peut être aussi une oeuvre artistique. L'exemple le plus remarquable, ces dernières, années est certainement celui de Game of Thrones , dont la beauté est spectaculaire.
Sa particularité est d'être légèrement modifié à chaque saison pour prendre en compte les évolutions de l'histoire. Il nous donne à voir de nouveaux territoires, il nous offre de nouvelles informations sur les lieux des différentes arches narratives. Le générique de The Wire fonctionnait de la même manière en proposant des images empruntées aux différents épisodes de la saison accompagnée par une version chaque fois remixée de la chanson "Way Down in the Hole " de Tom Waits.
Madeleines de Proust
Une autre fonction du générique est aussi de nous fournir des éléments de compréhension. L'exemple le plus flagrant est cette fois Le Prisonnier . Pendant trois minutes, est expliquée en images et mise en place la succession d'événements qui ont conduit à l'arrivée du Numéro 6 dans le Village.
Dans cette série britannique des années 60, Patrick McGoohan a été précuseur du clip vidéo, ou du trailer d'aujourdhui, comme le montre la vidéo ci-dessous.
Enfin, les génériques fonctionnent comme des madeleines de Proust. Ils sont le moyen de se souvenir d'une série. Il suffit de penser à Dallas , ou à Starsky et Hutch ou à Amicalement Vôtre . Ces génériques servent à nouveau de porte et de sas, c'est par eux que l'on revient dans le passé, que l'on ranime la mémoire et la nostalgie.
Pour ceux qui se passionnent pour les génériques, le scénariste Eric Vérat a écrit un ouvrage essentiel intitulé "Génériques, décryptages des séries américaines, 19 euros, 164 pages, Editions Les Moutons électriques ".
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