La BD gay friendly
A l'exception du feuilleton de Thomas
Cadène, "Romain et Augustin, un
mariage pour tous ", à paraître aux éditions Delcourt, la réalisation de tous ces livres a commencé bien
avant le vote de la loi Taubira et les manifestations du printemps. C'est bien l'air du temps qui
est saisi dans ces BD. Et ce n'est pas seulement l'homosexualité qui est abordée, mais la question du "genre"
qui est posée. Pas
seulement l'orientation sexuelle des personnages, mais ce qui définit
la féminité et la virilité, les modes de vie,...
Avez–vous entendu parler de
Paul Grappe et Louise Landy ?
Nous pourrions les connaître, car
ils ont existé. Pour écrire et dessiner "Mauvais
genre ", la dessinatrice Chloé Cruchaudet s'est inspirée du travail de deux historiens, Fabrice Virgili
et Danièle Voldman, qui, à l'aide d'archives, ont retracé le destin de ce
couple hors-norme. Paul Grappe était un déserteur de la guerre de 14-18. Pour
échapper à la justice, il a choisi avec l'aide de sa femme de se travestir.
Devenu Suzanne pendant une dizaine d'années, Paul sera couturière avant d'être l'une des étoiles du bois de Boulogne où toutes les sexualités
s'épanouissaient (déjà !) pendant les années folles.
Très
bien écrite, fort bien dessinée, très copieuse (156 pages), cette BD est
particulièrement habile à caractériser la féminité et la virilité. Et à
troubler les genres.
"Mauvais genre ", de Chloé Cruchaudet est
édité chez Delcourt ; et "La
Garçonne et l'assassin ", le travail de Fabrice Virgili et Danièle
Voldman qui l'a inspiré est sorti aux éditions Payot.
Du
côté des purs récits de fiction, vous pouvez lire en ce mois de
septembre :
"Paco les mains rouges " de Fabien
Vehlmann et Eric Sagot, aux éd. Dargaud. On y suit la découverte du désir homosexuel
par un bagnard à Cayenne... ou encore "Deadline "
de LF Bollée et Christian Rossi, une histoire inscrite dans l'Amérique de la
guerre de sécession, chez Glénat.
Et puis il y a
les récits fortement marqués d'une touche autobiographique.
On
va commencer par rappeler ici que le film "La vie d'Adèle " d'Abdellatif Kechiche est
au départ une bande dessinée de Julie Maroh, qui a pour titre "Le bleu est une couleur chaude ". La BD ressort pour coller à
l'actualité cinématographique.
Chez
Delcourt, un témoignage : L'humoriste OcéaneRosemarie signe * "La lesbienne invisible ", * l'adaptation BD de son one-woman show dessinée par Sandrine
Revel.
Parmi
les sorties du moment encore, le très beau*
- "La ligne droite " de
Hubert et Marie Caillou aux éditions Glénat, sur un adolescent qui peine à
avouer son homosexualité.
Et
du même scénariste, un ouvrage collectif commandé par le festival BD BOUM de
Blois. Cela s'appelle "Les gens
normaux ". Pour écrire cette dizaine de récits vrais, le scénariste Hubert
a rencontré des lesbiennes, des gays, bi et trans. Le livre aborde la sexualité et
la religion, revient sur la grande épidémie du Sida, quand beaucoup ont décidé
de sortir du placard pour mener un combat pour la dignité, parle de
l'homoparentalité, du rapport au corps.
Préfacé par Robert Badinter, "Les gens normaux ", collectif
coordonné par Hubert, avec une dizaine de très bons dessinateurs parait en novembre aux éditions Casterman.
Et encore...
Dora , Ignacio
Minaverry, éd. L'Agrume
Les Chroniques
mauves (1950-2011), collectif,
éd. Catpeople prod
La
lumière au fond du placard , de Gami, éd. Dans l'Engrenage
Enfin, un rappel :
La grande bande dessinée qui a mis des images sur le désir homosexuel, c'est "Le journa "l de Fabrice Neaud. Ce journal court sur plusieurs centaines de pages. C'est une œuvre autobiographique qui n'a pas de
fin. Et c'est un chef d'œuvre de la bande dessinée. "Le
journal " de Fabrice Neaud est édité chez Ego comme X.
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