Vrai ou faux
Les groupes de niveau au collège sont-ils inefficaces, comme l'affirme Manuel Bompard ?

Alors que la nouvelle ministre de l'Éducation nationale doit mettre en place les groupes de niveau en 6e et 5e à partir de septembre, le patron des Insoumis Manuel Bompard affirme que cette mesure est inefficace. C'est plutôt vrai, mais ça dépend des conditions dans lesquelles sont organisés ces groupes de niveau.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur national de La France insoumise, invité de franceinfo vendredi 9 février. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, hérite d'un dossier brûlant, en s'installant rue de Grenelle : la réforme du "choc des savoirs" et la mise en place de groupes de niveau, en 6e et 5e, pour la rentrée de septembre 2024. Les syndicats s'y opposent, ils ont déjà manifesté à deux reprises depuis le début de l'année et prévoient une nouvelle mobilisation au retour des vacances de février. "C'est une manière d'instaurer une école à deux vitesses, toutes les études en pédagogie montrent que ça ne fonctionne pas", insiste le patron des Insoumis, Manuel Bompard, sur franceinfo. Vrai ou faux ?

Des groupes de niveau permanents inefficaces

C'est plutôt vrai, la plupart des études en pédagogie ont montré que les groupes ou les classes de niveaux étaient contre-productifs, dès lors qu'il s'agit de groupes permanents, sur toute l'année scolaire. Mais s'ils prennent d'autres formes et à certaines conditions, ils peuvent porter leurs fruits.
De nombreuses études ont été publiées sur le sujet ces dernières décennies, notamment dans des pays qui avaient instauré cette mesure. Un groupe de chercheurs du programme Innovations, Données et Expérimentations en Éducation (IDEE), programme financé par l'Agence nationale de la recherche et mis en œuvre en collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale, a justement publié une note, en novembre dernier, qui synthétise ces différentes études.
 
"Les regroupements permanents, tels que les classes de niveau, sont inefficaces", écrivent d'emblée les chercheurs. Selon eux, les études publiées sur le sujet "concluent unanimement à une absence d'effets, voire à des effets négatifs". Plusieurs raisons sont avancées. D'abord, les élèves classés dans les groupes à faible niveau perdent confiance en eux et se démotivent. Ensuite, les enseignants ne sont pas toujours formés pour accompagner ces groupes particuliers. Par ailleurs, ils peuvent avoir tendance, ça a été documenté, à baisser leurs exigences face à un groupe de niveau plus faible. Résutlat : Les élèves ne progressent pas et les inégalités risquent de se creuser.

Les groupes de niveau temporaires ont montré des effets positifs

Mais dans certaines conditions, les groupes ou les classes de niveau peuvent être efficaces. Les groupes "de besoin", c'est-à-dire des groupes temporaires, constitués au sein de la classe et pour travailler des notions précises, "ont un effet positif sur les performances des élèves", écrivent les chercheurs, en citant plusieurs études. Le dernier rapport Pisa de l'OCDE, tire d'ailleurs la même conclusion :  "Une relation positive entre la performance obtenue en mathématique (discipline sur laquelle s'est concentré le rapport en 2022) et le regroupement d'élèves est observée si le regroupement est limité à quelques matières, alors que la relation est négative s'il est mis en œuvre pour toutes les matières".

À noter que, selon certains chercheurs, les effets sont moins visibles sur la lecture que sur les mathématiques et moins marqués au collège qu'au primaire. Il faut aussi que ces groupes soient "flexibles", que les élèves puissent passer d'un groupe à l'autre, pour ne pas se démotiver, et que les professeurs soient suffisamment formés, pointe aussi la littérature. Reste à voir maintenant quelle forme exactement prendront les groupes de niveau que le gouvernement veut mettre en place.

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