Vrai ou faux
Budget 2025 : les dépenses publiques ont-elles augmenté ou baissé ces dernières années ?

En pleine négociations sur le budget 2025, le député La France insoumise Éric Coquerel affirme que les dépenses publiques dans le PIB ont baissé.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La dépense publique a dépasse les 1 600 milliards d'euros en 2023, selon les comptes nationaux de l'Insee (photo d'illustration). (MTSTOCK STUDIO / E+)

Le projet de budget 2025 a commencé à être examiné en commission à l'Assemblée nationale, , avec pour but de trouver comment faire des dizaines de milliards d'euros d'économies l'an prochain. Dans ce contexte, on entend souvent que la dépense publique a explosé, qu'elle est au plus haut. Alors, cela peut paraître étonnant d'entendre le député La France insoumise Éric Coquerel dire, mercredi 16 octobre sur France 2, que "contrairement à ce qui est dit, la dépense publique dans le PIB n'a pas augmenté, elle a même légèrement baissé depuis 2017".

Les dépenses ont augmenté, mais elles ont baissé dans le PIB

En réalité, les deux affirmations sont vraies. Il s'agit uniquement d'une question de point de vue. C'est vrai que la dépense publique n'a jamais été aussi haute. Elle a dépassé les 1 600 milliards d'euros en 2023, selon les comptes nationaux de l'Insee.

Mais c'est vrai aussi que le poids de cette dépense publique, en proportion du PIB, a légèrement baissé depuis 2017. Concrètement, les dépenses publiques représentaient 57,7% de la richesse nationale produite en 2017, mais en 2023, ce n'était plus que 57%, selon l'Insee. Une baisse légère de 0,7, entrecoupée d'une hausse en raison de la pandémie de Covid-19.

Plus de 1 600 milliards d'euros en 2023

Le premier point de vue montre une valeur brute, absolue : 1 600 milliards d'euros. Pour certains, plutôt de droite ou libéraux, c'est trop. Sauf qu'on ne peut pas vraiment interpréter cette donnée en soi. Fipeco, site spécialisé dans l'analyse économique notamment des finances publiques, explique que parler de la croissance des dépenses publiques uniquement en valeur a des limites.

"Un taux de croissance élevé en valeur n’est pas nécessairement le signe d’une politique budgétaire plus accommodante et n’entraîne pas forcément une aggravation du déficit public", explique le site de François Ecalle, ancien haut fonctionnaire, passé par Bercy et la Cour des comptes. Cette forte croissance des dépenses publiques peut résulter de l'inflation, par exemple, et non forcément de politiques publiques. Et il est tout à fait possible en théorie que cette hausse des dépenses publiques soit financée dans le budget, sans aggraver le déficit.

Le PIB a augmenté plus vite que les dépenses

Le point de vue d'Éric Coquerel, qui parle du poids des dépenses publiques dans le PIB, met davantage les choses en perspective car il permet de comparer le niveau de ces dépenses à la production de richesse nationale. En l'occurrence, ce poids a baissé entre 2017 et 2023 – après avoir monté en 2020 pendant la crise sanitaire – mais l'Insee explique à franceinfo que cette baisse est surtout due au fait que le PIB a augmenté plus vite que les dépenses. 

C'est un indicateur important, selon Fipeco, car "une croissance des dépenses publiques durablement supérieure à celle du PIB, en valeur, oblige à relever le taux des prélèvements obligatoires, au risque de dégrader la compétitivité du pays, pour limiter l’aggravation du déficit public". Néanmoins, ce point de vue aussi a des limites. "La croissance des dépenses publiques est plus stable que celle du PIB, dont les fluctuations sont parfois très fortes. Le rapport des dépenses publiques au PIB tend donc mécaniquement à augmenter dans les périodes de faible croissance de l’activité, voire de récession, du fait de son dénominateur et, symétriquement, à diminuer lorsque l’activité économique est soutenue", explique Fipeco.

"Le suivi année par année du ratio dépenses publiques/PIB est donc trompeur", selon Fipeco, qui conseille de ne regarder que l'évolution à moyen ou à long terme de ce ratio. Par ailleurs, quant à savoir si le poids des dépenses publiques est trop lourd, il s'agit beaucoup d'une question d'interprétation et d'opinion. D'aucuns, plutôt de gauche, peuvent argumenter, au contraire, que les dépenses ne pèsent pas trop lourd, mais que ce sont les recettes qui sont trop légères.

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