Le vrai du faux. Non, la police de proximité n'a pas conduit à "une explosion de la délinquance"
Gérald Roux passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Vendredi, on examine les chiffres de la délinquance entre 1998 et 2003 après les propos d'Éric Ciotti (LR).
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a présenté la police de sécurité au quotidien (PSQ) jeudi 8 février. Elle sera déployée dans les quartiers sensibles notamment. Invité dans l'émission "L'Interview J-1", sur franceinfo, la veille, le député Les Républicains Éric Ciotti a ironisé sur "le retour à la bonne vieille police de proximité socialiste", mise en place en 1998 par le gouvernement de Lionel Jospin, ajoutant que c'est ce qui avait conduit à "une explosion de la délinquance dans notre pays".
C'est faux. Il y a eu des hausses et des baisses de la délinquance entre 1998 et 2003 -pendant l'existence de la police de proximité- car celle-ci ne se mesure pas comme un seul bloc en France. Elle est découpée en plusieurs parties. Les deux plus importantes parties concernent les violences sur les personnes et les atteintes aux biens (vols, tentatives de vol ou vandalisme).
Selon les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, sur cette période, il y a eu une nette augmentation des violences physiques. Ces chiffres venaient exclusivement de la gendarmerie et de la police. L'Observatoire de la délinquance fait remarquer qu'il y a eu, probablement, plus de plaintes déposées notamment en raison du déploiement de la police de proximité : la population serait allée plus facilement vers elle pour déposer plainte en raison des liens qui s'étaient créés à l'époque. Quant aux atteintes aux biens, il y a eu une hausse des vols et du vandalisme entre 1998 et 2000, avant que cette forme de délinquance ne baisse jusqu'en 2003.
Après la suppression de la police de proximité en 2003, il y a de tout. D'abord, on trouve une importante baisse tendancielle des vols de voiture, comme en Allemagne et en Belgique d'ailleurs. On appelle cela le "crime drop" ou "la décroissance du crime". Ensuite, du côté des cambriolages, on assiste à une grosse baisse jusqu'en 2008 puis une explosion -comme dirait Éric Ciotti- jusqu'en 2012 : + 40 %. Enfin, concernant les homicides, on note une forte augmentation en 2011 : + 11 %.
En résumé. Pour mieux connaître la délinquance en France, en plus des chiffres de la police et de la gendarmerie, l'Observatoire a maintenant un second outil : une enquête annuelle auprès des Français pour savoir s'ils ont été victimes de la délinquance sous toutes ses formes. Cet outil n'existait pas entre 1998 et 2003.
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