Le vrai du faux. Est-ce exact que seuls "1% des influenceurs" posent problème, comme l'affirme le ministre de la Transition numérique ?
Jean-Noël Barrot, le ministre de la Transition numérique, se veut rassurant sur les pratiques des influenceurs en ligne, ces personnes qui font la promotion de produits sur leurs réseaux sociaux. "Le Sénat a adopté une proposition de loi pour régler des problèmes qui sont liés à 1% des influenceurs. Dans 99% des cas, il n'y a pas de problèmes", a-t-il assuré, mercredi 10 mai sur France 2.
Une affirmation qui n'est ni vraie, ni fausse, parce qu'il n'y a pas de chiffres. "C'est impossible de dire le nombre d'influenceurs qui pose problème, on ne le sait pas", affirme le député Arthur Delaporte, qui a rédigé la proposition de loi pour réguler l'activité d'influence commerciale. D'ailleurs, le ministère reconnaît que dire "1%" est une façon de parler pour dire que les cas problématiques représentent "une toute petite minorité."
Même le nombre d'influenceurs est compliqué à déterminer. Il y en aurait 150.000 en France, d'après une estimation faite par les acteurs du secteur. Mais il est difficile de les compter, car pour l'instant, leur statut est très flou. Par exemple, dès qu'on vante un shampoing moyennant contrepartie, on peut être considéré comme influenceur. Et même si ce n'est qu'une publication parmi d'autres sur le compte. Impossible donc de toutes les repérer, d'autant que certaines publications sont éphémères et disparaissent au bout d'une journée.
60% des comptes ciblés par la DGCCRF pas dans les clous
La répression des fraudes (DGCCRF) a publié un rapport début mai, sur les comptes contrôlés au premier trimestre. Elle a contrôlé 50 comptes d'influenceurs : ceux avec beaucoup d'abonnés, ou ceux signalés par les consommateurs. 60 % de ces comptes ne respectaient pas les règles concernant la publicité, à commencer tout simplement par indiquer qu'il s'agissait d'une publicité. Ces pratiques commerciales trompeuses peuvent aller plus loin, avec par exemple la promotion d'injections d'acide hyaluronique clandestines, alors qu'elles doivent normalement être réalisées par des médecins. Cette vague de contrôle va donner lieu à 16 démarches judiciaires.
Autre chiffre : d'après l'ARPP, l'arbitre de la publicité, il y a du progrès dans la transparence chez ces créateurs de contenus, puisque en 2021, 83% d'entre eux indiquaient plus ou moins clairement qu'ils vendaient quelque chose, contre 73% en 2020. Cela dit, plus de la moitié ne respectent pas vraiment toutes les règles, le plus souvent par méconnaissance.
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