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Le vrai du faux. Emmanuel Macron a-t-il étendu "le regroupement familial aux frères et sœurs des mineurs isolés" étrangers, comme l'affirme Marine le Pen ?

La présidente du groupe Rassemblement National à l'Assemblée prend notamment cet exemple pour prouver que le gouvernement aurait rendu l'immigration hors de contrôle durant le mandat d'Emmanuel Macron. C'est pourtant très inexact.

Article rédigé par franceinfo, Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire RN, après une rencontre avec la Première ministre à Matignon. Paris, le 29 juin 2022. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Les quelques décisions qui ont été prises par Emmanuel Macron, ça a consisté à élargir le regroupement familial aux frères et soeurs des mineurs isolés en plus de leurs parents", a moqué Marine le Pen, interrogée mardi 20 septembre sur France Inter. La présidente du groupe RN à l'Assemblée dénonçait un peu plus tôt une immigration "totalement hors de contrôle"

Confusion entre regroupement familial et réunification familiale

Marine le Pen fait d'abord une grosse confusion. Le "regroupement familial" qu'elle évoque n'est possible que pour les personnes en situation régulière et sous plusieurs conditions. Pour prétendre à faire venir de la famille de l'étranger, les personnes candidates au regroupement familial doivent notamment justifier de revenus suffisants et d'un logement adéquat. Ce à quoi Marine le Pen fait référence c'est plutôt la "réunification familiale". Cette procédure est rendue possible pour toutes les personnes, mineures ou non, bénéficiant d'un statut de réfugié. Contrairement à ce que laisse entendre Marine le Pen, tous les mineurs isolés ne peuvent donc pas prétendre à une procédure de réunification familiale, mais seulement ceux à qui la France a accordé l'asile : soit en leur octroyant un statut de réfugié, soit une protection subsidiaire. Concrètement, il s'agit donc ici de jeunes ayant été reconnus comme étant en danger dans leur pays d'origine, dont la sécurité, voir, la vie était menacée. 

Moins de 500 mineurs isolés étrangers ont obtenu le statut de réfugié en 2021

En 2018, la loi Asile et immigration a effectivement apporté quelques changements dans cette procédure de réunification familiale. Avant, seuls les parents de ces mineurs pouvaient demander à venir en France à ce titre. Désormais, leurs frères et leurs soeurs (a condition d'être mineurs et non mariés), le peuvent aussi. A l'époque, cette proposition avait été fortement débattue.

Le parti de Marine le Pen dénonçait une mesure risquant de créer un appel d'air pour les étrangers. Pourtant, les chiffres ne vont pas dans ce sens. D'après Eurostat, moins de 500 mineurs non accompagnés ont obtenu le statut de réfugié en 2021 (contre le plus de 54 000 adultes). Au final, très peu de fratries sont donc concernées par cette évolution de la loi. 

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