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Le vrai du fake. Les rumeurs sur la mort du chef de l'État islamique et des armes livrées par la Corée du Nord à l'Égypte

Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.

Article rédigé par Antoine Krempf - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Capture d'écran de l'article du Washington post révélant l'interception du navire nord-coréen et Abou Bakr al-Baghdadi lors de la proclamation du califat du groupe Etat islamique. (CAPTURE ECRAN WASHINGTON POST / AFP)

Le fake : les nombreuses morts du chef de Daesh

Un nouvel enregistrement attribué à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef du groupe État islamique, a été diffusé jeudi 28 septembre par al-Fourqane, la maison de production de l'EI, qui relaie les enregistrements et vidéos de l'organisation jihadiste. Ce long message de 45 minutes, non daté, semble avoir été enregistré récemment car il y fait notamment référence à la bataille de Mossoul ou aux tensions entre la Corée du Nord et les États Unis. Washington dit d'ailleurs ne pas avoir de raisons de douter qu'il s'agit bien de la voix du numéro 1 de l'État islamique.

Cet enregistrement semble mettre fin à une énième rumeur annonçant la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi, diffusée en juillet dernier. À l'époque, l'Observatoire syrien des droits de l'homme affirme détenir des informations de hauts responsables de l'État islamique, qui confirment la mort de leur chef, sans plus de détails sur les circonstances de cette disparition. Le problème, c'est que la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi était déjà annoncée en juin à Raqqa (Syrie), par l'armée russe cette fois. On attend toujours la confirmation de Moscou, tout comme pour son assassinat début juin dans le nord de Irak.

Les rumeurs sur la mort du chef du groupe État islamique ne datent pas de 2017. Elles se succèdent depuis plusieurs années maintenant. Ainsi, en octobre 2016, on apprend qu'il a été empoisonné lors d'un déjeuner, alors qu'en 2015 il avait été victime d'un raid aérien russe, qui lui même est intervenu quelques mois après une attaque aérienne de la coalition internationale.

Ces rumeurs sont alimentées par le fait qu'al-Baghdadi est excessivement discret. Sa dernière apparition publique remonte à l'été 2014, au moment où il a proclamé la création d'un califat islamique depuis la ville irakienne de Mossoul. Depuis, aucune vidéo ni image. Il y a donc seulement des messages audio qui viennent de temps en temps démentir les rumeurs de disparition. Seulement six enregistrements ont ainsi été diffusés en l'espace de trois ans.    

Le vrai : des grenades coréennes interceptées en Égypte

Une curieuse histoire a été révélée par le Washington Post, dimanche 2 octobre. Un bateau battant pavillon cambodgien a été saisi en août par la police égyptienne au Caire. Ce pavillon de complaisance dissimulait en fait un navire nord-coréen. C’est un message des autorités américaines qui a alerté les Égyptiens. Il précisait que le cargo Jie Shun, qui s’engageait dans le canal de Suez, était parti de Corée du Nord, avec à son bord un équipage nord-coréen, et une cargaison mystérieuse dissimulée sous d’épaisses bâches.

Quand la douane égyptienne est montée à bord du Jie Shun, elle a découvert 40 000 grenades pour lance roquettes et autant de pièces détachées pour en assembler 6 000 supplémentaires, le tout dissimulé sous des tonnes de minerai de fer. C'était des copies bon marché d’un modèle de roquette soviétique des années 1960. Toutes portaient le label "fabriqué en République populaire de Corée", dans une de ces dizaines d’usines d’armement construites pendant la guerre froide et qui constituent aujourd’hui une bonne part des revenus de ce pays frappé par des sanctions.

À cette époque, la Chine et l'URSS veulent s'assurer des alliés. L’Union soviétique accorde donc les licences de fabrication de certaines armes à la Corée du Nord. On retrouve aujourd'hui ces armes pas chères un peu partout, dans les mains des combattants du groupe État islamique, du Hezbollah, en Lybie, au Congo ou encore en Ouganda. Depuis l’été dernier, la vente se fait même en ligne via un site qui vante avec des vidéos l’efficacité nord coréenne.

Fin août, immédiatement après la découverte des armes, une question s'est posée : à qui étaient-elles destinées ? La réponse a été publiée dimanche dans le Washington Post : les Égyptiens. Ce sont des clients de longue date de la Corée du Nord et ils ne semblent pas tellement sensibles aux injonctions du président Trump de cesser tout commerce avec la Corée du Nord, en dépit de la très sérieuse soufflante administrée au maréchal al-Sissi lors de sa dernière visite à la Maison Blanche. Depuis 24 heures, les Égyptiens nient en bloc les révélations du quotidien américain sur cette cargaison évaluée à 23 millions de dollars. L’histoire ne dit pas encore si les Coréens ont été payés.  

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