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Le vrai du fake. Le "plan lapins" du Venezuela et la consommation fantasmée des médicaments en France

Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Le Venezuela a lancé son "plan lapin" le 13 septembre. Photo d'illustration. (DAMIEN MEYER / AFP)

Le vrai : le Venezuela lance son plan "lapins"

Le Venezuela a décidé de prendre des mesures face à la crise économique. En effet, le pays est confronté aux récentes sanctions américaines, à une inflation estimée à 700% à la fin de l’année et, depuis quelques mois, à la faim et la malnutrition qui frappent les trois quarts des habitants. Selon des études menées par les universités du pays, ils ont perdu environ 10 kilos depuis le début de l’année. Neuf foyers sur dix ne peuvent pas payer plus d’un repas par jour et dix millions de Vénézuéliens, soit un tiers de la population, se privent pour leurs enfants. L’été dernier, on a recensé plusieurs vols d’animaux dans les zoos, tels que des buffles ou des tapirs, qui ont été découpés pour être vendus au marché noir. 

Pour lutter contre ce fléau, Nicolas Maduro, le président du Venezuela, a annoncé le 13 septembre le lancement du "plan lapins".  Après avoir conseillé à ses compatriotes de faire pousser de la nourriture sur les balcons, sur les toits des immeubles et dans les jardins, il leur recommande désormais d'élever des lapins. Selon le président Maduro, un lapin adulte c’est 2,5 kilos de viande aux protéines nourrissantes et un élevage dont le rendement est important compte tenu de la vitesse à laquelle ces derniers se reproduisent.

Joignant le geste à la parole, Nicolas Maduro, par l’intermédiaire de son ministre de l’Agriculture, fait distribuer une vingtaine de lapereaux dans des communautés agricoles. Deux jours plus tard, des envoyés du ministère se rendent dans les coopératives pour enseigner les rudiments de la fabrication d’un clapier et de l’élevage de lapins en général. Mais, si on mange volontiers du lapin en Europe ou aux États Unis, ce n’est pas le cas au Venezuela, où ils sont considéres comme des animaux domestiques, voire familiers.

C’est précisément ce qu’ont découvert les envoyés spéciaux du gouvernement : les petits lapins destinés à etre mangés étaient décorés de petits nœuds de couleurs, ils avaient chacun un nom et certains dormaient même dans le lit de leur propriétaire. Après quelques longues séances de rire en conseil des ministres, Nicolas Maduro ne s’est pas laissé démonter. Il prépare une campagne nationale via des spots à la télévision, la radio et dans la presse.  

Le fake : les Français détiennent le record de consommation de médicaments

C'est une formule choc notamment entendue dans la bouche d'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé : "Nous sommes le pays qui consomme le plus de médicaments en Europe".

C'est faux. Sur ce qu'on dépense dans les pharmacies que ce soit pour les médicaments prescrits ou sans ordonnance, les chiffres de l'OCDE sont formels : les Belges, les Allemands, les Grecs sont au dessus des Français. Mais attention, si on prend le critère des dépenses, on n'est pas les champions mais on est quand même largement au dessus de la moyenne européenne.

Ce qu'on entend surtout depuis des années, c'est que les Français seraient les plus gros consommateurs d'antidépresseurs. Là aussi, raté. D'après les dernières comparaisons internationales sur le sujet, c'est au Portugal, en Suède et au Royaume-Uni que l'on consomme le plus d'antidépresseurs en Europe. Côté français on est sous la moyenne des pays de l'OCDE. Idem au passage pour les anticholestérols et les médicaments contre l'hypertension.

Qu'en est il des antibiotiques ? Ce sont les Grecs qui sont les plus gros consommateurs en Europe mais la France est deuxième juste au dessus de la Belgique et de l'Italie. On en consomme trois fois plus que les pays les plus vertueux, d'après les donnée de l'Agence nationale de sécurité du médicament.

Au delà de cette formule choc de "champion d'Europe", les Français font donc quand même partie des gros consommateurs de médicaments. Pour reprendre l'exemple des antibiotiques, c'est une dépense injustifiée de 71 millions d'euros par rapport à la moyenne européenne et un risque d'avoir des bactéries plus résistantes qu'avant d'après une note de Santé publique france. 

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