Le vrai du fake. La guerre de la drogue aux Philippines et un nouveau type de radar sur les routes
Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.
Le vrai : les Philippines et le trafic de drogue
Le président des Philippines l'a annoncé jeudi : la guerre contre la drogue ne sera plus menée par la police. Est-ce le signe que Rodrigo Duterte renonce ? Pas du tout. Il ne renonce à rien. Il préfère que cette guerre soit menée exclusivement par une agence gouvernementale de lutte contre le trafic de drogue.
"Il y a trois millions de drogués et de dealers aux Philippines, je me ferais un plaisir de les massacrer jusqu’au dernier", avait-il déclaré lors de son arrivée au pouvoir, en juillet 2006. Depuis cette date, il n'a pas molli. Près de 4 000 philippins soupçonnés de consommer ou dealer, ont trouvé la mort aux mains de la police ou de commandos masqués. Pas d’arrestation, pas de jugement, pas d’avocat : juste des exécutions sommaires qui ne faisaient pas de détail. Souvent, la famille entière du suspect trouvait la mort, enfants compris. La plupart du temps, les corps étaient jetés dans une décharge, une pancarte autour du cou, avec ce mot : "dealer". Avec le temps, les instances internationales s’étaient inquiétées d’une telle brutalité auprès de Rodrigo Duterte, qui a répondu avec la même brutalité en faisant un doigt d’honneur à l’Union Européenne et en traitant Obama de "fils de p...".
A l'intérieur du pays, le président Philippin doit faire face à une opposition grandissante. Tout en conservant sa confiance au président pour le reste, la population civile donne des signes de fatigue sur les bavures à répétition d’une police qui franchit allègrement la ligne rouge lorsqu'elle cache des preuves au domicile d’un suspect, kidnappe des prétendus dealers en échange d’une rançon, pille les maisons et familles des suspects, sans oublier tout un éventail de brutalités policières. Quelques citoyens philippins ont manifesté à Manille. D'autres ont exigé le retrait des applis "joue avec Rodrigo Duterte" du catalogue des produits de la marque Apple.
Rodrigo Duterte se heurte également à une opposition dans sa police. Un officier philippin, formé au FBI, avait interdit à ses hommes d’abattre qui que ce soit dans les opérations anti-drogue et a mis en place des programmes de désintoxication dans son district. Une méthode efficace : il y a deux mois, la région était déclarée libre de toute drogue.
Le fake : un nouveau type de radar
Des dizaines de photos sur Facebook montrent de nouveaux radars : des boîtiers avec cinq caméras directement installées sur le toit de voitures banalisées repérées en région parisienne dans l'Essonne, sur l'A15, vers Dreux ou encore dans les Hauts de France... "Ça y est la verbalisation par des entreprises privées a commencé", explique l'un des textes accompagnant la publication sur le réseau social. Certains en ont même fait des vidéos postées sur Youtube.
Est-ce vraiment un nouveau type de radar ? Absolument pas. Ce sont des voitures de la société Uber "équipées d'un capteur sur le toit, expliquait la responsable de communication de la société de transport au Parisien il y a quelques semaines. Ces voitures "sont sans logo Uber. Elles se déplacent avec un chauffeur qui reçoit un itinéraire tous les matins" pour cartographier les routes. L'entreprise cherche ainsi à combler les soucis de géolocalisation qui peuvent exister, d'après l'entreprise, sur les applications utilisées par ses chauffeurs pour faire leurs itinéraires. Les fameuses caméras sur la voiture enregistrent tout ce qui est à 270 degrés autour des voitures. Et Uber l'assure : tout ce qui est récolté est strictement à usage interne. Avant Paris et sa région, les villes de Lyon, Marseille et Nice ont été sillonnées par ces voitures.
Mais il y a de quoi se faire piéger. D'abord parce qu'on ne trouve aucune mention Uber sur ces voitures. Ensuite car il y a sans doute une confusion avec une autre annonce. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, réfléchit à déléguer la conduite des vraies voitures avec radars embarqués à des sociétés privées. L'idée est de libérer les policiers et les gendarmes de cette tâche. La mesure est actuellement en phase de test sur les routes de Normandie. Sauf que les voitures en question n'ont rien à voir avec celles d'Uber. Les caméras sont beaucoup plus discrètes. Elles sont placées derrière le pare-brise. Le radar est, lui, caché dans la plaque d'immatriculation.
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