Le vrai du fake. De faux espions sur Facebook et Porto Rico plongée dans le noir
Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.
Le fake : de faux espions sur Facebook
Un message se répand depuis environ quinze jours sur les réseaux sociaux. D'après cette rumeur, il suffirait d'entrer dans les paramètres de son compte Facebook, de cliquer sur l'onglet blocage et de taper les mots "Facebook Security" pour obtenir la liste des personnes qui seraient chargées de nous surveiller sur Facebook. Le message conseille d'ailleurs de bloquer toutes ces personnes.
C'est absolument faux. Quand on cherche "Facebook Security" dans l'onglet blocage, on cherche en fait tous les amis d'amis voire les amis d'amis d'amis qui ont inscrit ces deux mots sur leur profil ou dans des statuts publics postés sur le réseau social. Quelqu'un qui indique travailler dans la sécurité, par exemple, va sans doute apparaître si vous cherchez "Facebook Security". En bloquant ces personnes, vous bloquez donc surtout des inconnus qui n'ont rien demandé.
Un "espionnage" essentiellement publicitaire. Cependant, cela ne veut pas dire que le réseau social ne nous espionne pas. Il récolte effectivement tout un tas d'informations sur nos comportements, nos partages, voire notre position GPS. Cela se traduit notamment par les fameuses publicités ciblées que nous voyons apparaître ensuite dans notre fil d'actualité. C'est par exemple le cas lorsque que vous vous retrouvez avec des publicités de chaussures sur votre fil parce que vous avez aimé une page sur les bottines marron.
Malheureusement, il est impossible de lutter contre cette politique. Certains utilisateurs de Facebook s'y essayent pourtant avec des messages : "En vertu des articles L111,112 et 113 du code de la propriété intellectuelle, je déclare que mes droits sont attachées à toutes mes données personnelles donc merci de ne rien utiliser de ce que je fais sur Facebook sans mon consentement", par exemple. Le problème, c'est que ça ne sert absolument à rien de diffuser ce genre de message parce qu'en s'inscrivant sur Facebook, on accepte les conditions d'utilisation qui comprennent notamment cette phrase : "Vous nous accordez une licence non exclusive, transférable sous licence sans redevance et mondiale pour l'utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook."
En fait, c'est grâce à l'utilisation des données et donc à la publicité ciblée que le réseau social génère des bénéfices. De quoi démentir une autre rumeur que l'on voit revenir de temps en temps : non, Facebook ne va pas devenir payant. Comme le dit l'adage : "Si c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit". Chaque utilisateur européen rapporte en moyenne 1,50 euro à Facebook et que nous sommes 33 millions d'utilisateurs actifs en France.
Le vrai : Porto Rico dévasté par Maria
L'ouragan Maria a tout dévasté sur son passage à Porto Rico. Sur l'île, il n’y a plus d’eau potable, plus d’électricité, plus d’essence, plus de réseau, plus de téléphone et plus de nourriture, depuis le 20 septembre. Les générateurs des hôpitaux sont aujourd’hui en bout de course, les livraisons des dernières gouttes d’essence se font sous protection armée et le gouverneur de l’île parle même d’une crise humanitaire qui risque de se poursuivre pendant des semaines. Sans parler de ce barrage sur le point de céder qui engloutirait 70 000 personnes, si jamais c’était le cas. Tous les habitants de la zone ont été invités à se réfugier sur les hauteurs.
Un confetti des Etats-Unis. Porto Rico est un territoire américain et ses habitants sont des citoyens américains. La Fema, l’agence fédérale américaine qui gère les catastrophes, a d’ailleurs dépêché du personnel et des hommes de troupe, au total 10 000 personnes, pour aider au déblayage et à la reconstruction. Mais cette étape viendra beaucoup plus tard, tant il y a d’urgences à gérer, tels les malades des hopitaux qu’il faut évacuer vers Miami, par exemple.
Texas & Florida are doing great but Puerto Rico, which was already suffering from broken infrastructure & massive debt, is in deep trouble..
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 26 septembre 2017
Depuis le passage de l'ouragan Maria, quelque chose étonne tous les habitants de Porto Rico : le silence radio de leur président, Donald Trump. Pas un tweet de soutien ou d’empathie. Le président des États-Unis a pourtant eu un week-end chargé sur Twitter, avec 37 tweets en seulement 48 heures mais pas un mot sur Porto Rico. Mardi 26 septembre, il finit par poster trois tweets qui reconnaissent que Porto Rico est dans une situation catastrophique mais que les infrastructures de l’île étaient au bout du rouleau et le réseau électrique lamentable. Ce qui semble suggérer que si Porto Rico avait entretenu ses infrastructures, on n’en serait pas là.
Le message subliminal est clair : "C’est un peu de votre faute, non ?" Le coup de grâce est porté avec le troisième tweet qui rappelle que Porto Rico doit toujours des milliards de dollars à Wall Street et qu’il faudra bien un jour en parler. Les Portoricains apprécieront ce message, quand ils pourront en prendre connaissance, c’est à dire quand le black out total qui a frappé l’île sera levé. Cela peut prendre des mois.
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