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"La majorité des logements sociaux ne vont pas aux plus modestes" ?

C'est en tout cas ce qu'affirme le député Les Républicains Hervé Mariton. Le candidat à la primaire de la droite propose d'ailleurs supprimer le système des logements sociaux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Hervé Mariton dit-il vrai sur les ménages modestes et les logements sociaux ? © Maxppp)

Hervé Mariton part d'un constat : "la majorité des Français modestes ne sont pas logés dans le secteur social". De fait, parmi les ménages à bas revenus, la grande majorité sont des propriétaires et des locataires du privés, d'après les derniers chiffres du Commissariat au développement durable (chiffres 2010).

{% embed infogram ou_vivent_les_menages_a_bas_revenus" style="color:#989898!important;text-decoration:none!important;"> Où vivent les ménages à bas revenus
Create pie charts %} Seul un quart des ménages à bas revenus vivent donc dans des logements sociaux. Ceci dit, ce n'est pas si étonnant. La France compte 4,5 millions de logements sociaux alors qu'il y a plus de huit millions de ménages modestes (trois premiers déciles de niveau de vie). En l'état actuel du parc social, il serait donc difficile de loger tous ces Français dans un HLM.

Les locataires du parc social plus pauvres qu'ailleurs

Mais Hervé Mariton va plus loin en affirmant que "la majorité des logements sociaux ne vont  pas à des personnes modestes". Ce qui est faux. Une nette majorité de locataires du parc social actuel appartiennent aux trois premiers déciles de revenus par unité de consommation, ceux que l'Insee nomme les ménages modestes. 

{% embed infogram repartition_des_menages_par_revenus" style="color:#989898!important;text-decoration:none!important;"> Répartition des ménages par revenus
Create pie charts %} Cet aspect "amortisseur social" des logements sociaux apparaît de manière encore plus claire lorsque l'on regarde le niveau de vie médian des ménages selon leur hébergement.

  (Niveau de vie annuel médian des ménages selon leur statut d'occupation © Union sociale pour l'habitat)
 

Et les demandeurs de logements sociaux ? 

Outre la faiblesse des logements sociaux disponibles par rapport à la demande, l'autre débat concerne les conditions d'accès aux HLM. Selon le type de logement social, il existe des plafonds de ressources pour les demandeurs. Or, malgré un abaissement récent, ces plafonds restent assez élevés pour qu'environ 65% des Français puissent théoriquement prétendre à être herbergés dans le parc social. 

A lire aussi ►►► 70% des Français éligibles à un logement social ? Mais cela ne veut pas forcément dire que les classes moyennes ou supérieures en profite. L'écrasante majorité des demandeurs de logements sociaux en 2014 sont en fait des ménages modestes. D'après les chiffres de l'Union sociale pour l'habitat, 68% des nouveaux occupants vivent avec 1.140 euros net mensuels pour une personne seule ou 2.166 euros net pour un couple avec deux enfants.

  (Niveau de richesse des locataires Hlm, des attributaires et des demandeurs de logements Hlm © Union sociale pour l'habitat)

Un phénomène de paupérisation qui s'accentue

Comme l'explique cette note du Crédoc, le parc social français avait au départ une vocation plutôt généraliste, avec pour mission de loger à la fois les personnes en grande difficulté mais également de rendre plus accessible le logement pour les jeunes ménages entrant dans la vie active. Mais ce n'est plus le cas. Selon les données de l’enquête logement de l’INSEE, si 59% des habitants HLM appartenaient à la moitié la plus riche de la population en 1973, ce taux est passé à 27% en 2006. 

En clair : le phénomène de paupérisation des locataires sociaux s'accentue. D'après l'Insee, les plus aisés qui quittent les logements sociaux pour accéder à la propriété sont remplacés des locataires modestes qui ont du mal à faire face à la hausse des loyers des dernières années dans le secteur privé.

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