Cet article date de plus de huit ans.

Non, le château de Dracula n'est pas à vendre

C'est une histoire racontée par plusieurs médias francophones depuis le début de la semaine : le château roumain qui a inspiré le personnage de Dracula serait en vente... sauf que c'est faux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Plusieurs articles annoncent à tort la vente du château de Barn en Roumanie © Capture d'écran Google actualités)

"Roumanie : le château de Dracula est à vendre", peut-on lire depuis le début de la semaine dans plusieurs médias francophones. Europe 1, L'Obs et GQ magazine notamment précisent que les propriétaires du château de Bran, qui a donc inspiré le personnage de vampire, veulent s'en débarasser pour la somme de 57 millions d'euros.

 

  (Les médias français et le château de Dracula © Capture d'écran Google actualités)
Les articles précisent au passage que le site est désormais le monument le plus visité de Roumanie avec "plus de 560.000 visiteurs annuels". Et qu'il ne dispose ni de toilettes, ni d'eau courante.

La vampirisation de l'information

Mais d'où vient cette information ? Tous les médias français renvoient vers un article publié lundi soir par le journal belge Le Soir. Lequel semble avoir recueilli ses informations d'un papier diffusé quelques heures plus tôt sur le site de la RTBF. De son côté, la radio-télévision belge affirme relayer une information partagée dimanche soir par le Journal de Montréal. Le média québécois nous indique également sa source : le site américain Refinery29... qui lui-même renvoie vers un article d'un autre site américain, le Travel + Leisure.

Et que dit Travel + Leisure ? Eh bien, dans un premier temps, le site américain spécialisé dans "la culture, le design, les paysages et les monuments" a bien titré son article : "Alerte sur une destination de rêve : le château de Dracula est à vendre"

  (Première version de l'article de la vente du château de Dracula © Capture d'écran Facebook)

Sauf que depuis... l'auteur de l'article a complétement remanié son texte. Intitulé désormais "Le château de Dracula est prêt à accueillir de nouveaux visiteurs", il précise que "la gestion du château a été transférée du gouvernement à la famille héritière, qui a décidé de ne pas vendre, contrairement à ce que de nombreux médias ont affirmé "....

Une rumeur qui revient souvent 

Cela fait plusieurs années que l'annonce de la vente du "château de Dracula" revient régulièrement dans les médias internationaux. Déjà, en 2014, plusieurs dizaines de sites français avaient relayé cette annonce. 

  (Première diffusion de l'annonce de la vente du château en mai 2014 © Capture d'écran Google)

Et à l'origine de cette série d'articles de 2014, il y a un article publié par le journal britannique The Telegraph . Intitulé "Achetez une part du château de Dracula", il affirme que la forteresse est donc sur le marché. Le journaliste précise par ailleurs que "il a été rapporté que le propriétaire aurait proposé le château au gouvernement roumain pour 80 millions de dollars", soit 70 millions d'euros. Et pour appuyer son propos, l'auteur cite l'avocat américain du propriétaire.

Le château n'est pas sur le marché

L'avocat en question s'appelle Mark Meyer, du cabinet new-yorkais Herzfeld & Rubin. Interrogé par France Info, il affirme que "les articles racontant l'offre de vente des propriétaires du château se basent sur des éléments datant de 2007 à 2009... qui sont totalement ou partiellement erronées. A l'époque, un journaliste du Daily Telegraph m'a demandé si les propriétaires pouvaient envisager de vendre le château, sous certaines conditions. On lui a répondu qu'il n'était pas en vente et qu'aucun document ou travaux liés à une éventuelle vente n'étaient en préparation. Mais que, en cas d'offre, la famille serait disposée à y réflechir ". 

  (Le message de l'avocat américain Mark Meyer à France Info © Capture d'écran)
Bref, un journaliste britannique a interrogé l'avocat du propriétaire sur l'éventualité d'une vente du "château de Dracula". Lequel a répondu qu'il n'était pas formellement sur le marché. Version confirmée par l'administration roumaine du château de Bran. Une guide francophone de la forteresse transformée en musée soupire au téléphone : "cette rumeur commence sérieusement à nous fatiguer".

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