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Le sens des mots. Charge mentale, terme sociologique au service de l'égalité des sexes

Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, l'expression "charge mentale".

Article rédigé par franceinfo, Marina Cabiten
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La BD d'Emma met sous les projecteurs le concept de "charge mentale" : le fait que les femmes, en plus des tâches ménagères, ont à leur charge toute la partie logistique du fonctionnement d'un ménage.  (EMMA / FACEBOOK)

Charge mentale, cette expression sociologique est passée dans le langage courant, pour désigner l’une des inégalités hommes/femmes. La charge mentale, c’est selon le Larousse : “Un poids psychologique que fait peser, plus particulièrement sur les femmes, la gestion de tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique."

franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. C’est une sociologue du travail, dans les années 1980, qui a créé l’expression, d’ailleurs à la base il ne s’agissait pas de deux mots mais de trois, elle parlait de "charge mentale ménagère".

Mariette Darrigrand : Oui, le concept de Monique Haicault était très clairvoyant car elle ne disait pas seulement que les femmes avait une double journée, recommençait un gros travail en rentrant chez elles le soir, ce qui était connu ; mais que ce travail avait déjà été présent sous forme mentale tout au long de la journée, et pesait sur elles. Elle appelait cela la vie en deux.

C’est une BD de la dessinatrice Emma qui a fait connaître le concept en France, intitulée Fallait demander en allusion aux hommes qui ne s’attaquent aux tâches domestiques que si leur compagne le leur demande. Exécuter une tâche mais sans l’avoir anticipée mentalement, c’est comme la faire à moitié estime Monique Haicault. Pourtant historiquement, le mot “charge” n’est pas l’apanage de la femme.

C’est même plutôt les hommes qui au départ étaient concernés car "charge" est un mot médiéval qui vient de chariot, très utilisé au Moyen-Âge. Aujourd'hui, la charge mentale est l’une des causes du burn-out, ce moment où on craque sous la lourdeurs des tâches et le "multi-tasking" comme disent les sociologues américains. Faire la cuisine et envoyer un dernier mail pro, être en réunion en faisant ses courses sur internet… Le point commun entre ces exemples ? L’usage des nouvelles technologies. On pourrait peut-être parler désormais de charge mentale numérique.

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