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Le rendez-vous de la médiatrice. Les élections européennes : des sondages ratés?

L’actualité politique de ces dernières semaines a été très importante. Beaucoup d’auditeurs s’interrogent justement sur le poids des sondages dans le traitement de cette actualité.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Plus d'un électeur français sur trois a voté avant tout pour manifester son opposition à l'exécutif, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria. (FRANCEINFO)

Percée des écologistes, effondrement des républicains, participation plus forte que prévue, le scrutin des élections européennes de ce dimanche 26 mai a suscité de nombreuses réactions. Des auditeurs s’interrogent sur les différences entre les sondages et les résultats des élections. Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France, leur répond, aux côtés de Jean-Jérôme Bertolus, chef du service politique de franceinfo.

franceinfo : les auditeurs parlent de "ratages", de "ratés", de "claques pour les instituts de sondages", trouvez-vous cette critique justifiée ou bien excessive ?

Jean-Jérôme Bertolus : "Tout dépend ce que l'on attend des sondages. Ils ne sont qu'une photographie à un instant T. Ont-ils été complètement à côté ? Pas complètement : ils ont mesuré l'indécision de l'électorat jusqu'au dernier jour. Ce qu'ils ont aussi laissé entrevoir, c'est l'augmentation de la participation ainsi que l'installation du Rassemblement National."

Les auditeurs reprochent l’usage intensif des sondages au cours de la campagne. Message d’une auditrice : "Vous commentez les commentaires, vous analysez les horoscopes, quand comprendrez-vous que l’on ne vote pas pour vos instituts de sondages mais par devoir démocratique ?"


Pourquoi lors d’une campagne les journalistes se "délectent" à ce point des sondages ?

"À franceinfo, nous sommes assez économes en matière de sondages : au cours des trois mois qui ont précédé les élections, avec notre partenaire Odoxa, nous avons seulement réalisé deux sondages. On vote par devoir démocratique mais aussi par conviction, c'est pour cela que vous avez pu entendre les très nombreux reportages diffusés sur l'Europe, mais nous ne pratiquons pas les commentaires sur les résultats de sondages."

Les auditeurs ont une bonne mémoire. Voici le message de Nathalie : "C'est la même erreur des sondages qui, en 2002, avait donné comme certain, selon les médias, un second tour Chirac /Jospin et qui a suscité cette surprise du 21 avril avec Lepen/Chirac. Vous rendez-vous compte à quel point vous orientez ainsi les masses par vos propos si peu éclairés ?"

Et pour finir le courriel de Nicolas : "Après l'élection de Donald Trump, vous nous aviez dit que vous n'utiliseriez les sondages qu'avec parcimonie et intelligence. Ce n'est pas du tout le cas et cela exaspère beaucoup de monde."

Les instituts ont indiqué en début de semaine qu’ils allaient tirer les leçons de ce scrutin, est-ce que cela invite également les journalistes politiques à davantage de prudence ?

Jean-Jérôme Bertolus : "Nos auditeurs ne sont plus des consommateurs passifs d'information, chacun garde une certaine distance critique avec ce qu'il écoute au quotidien. Les journalistes de franceinfo sont tout aussi prudents dans les informations qu'ils diffusent à l'antenne."

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