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Le rendez-vous de la médiatrice. Le traitement de la question de l'antisémitisme sur franceinfo

La question sensible de l'antisémitisme a suscité de nombreuses questions de nos auditeurs. Pour y répondre, Jean-Philippe Baille directeur de la rédaction de franceinfo.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Environ 800 personnes ont répondu à l'appel au rassemblement contre l'antisémitisme dans le centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique), mardi 19 février 2019 autour du Monument aux 50-Otages. (MAXPPP)

En cette huitième semaine de l’année, les mails reçus au service de la médiation de Radio France abordent essentiellement la question de l’antisémitisme, notamment suite aux agressions verbales dont a été victime M. Alain Finkielkraut. Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction de franceinfo répond aux nombreuses questions des auditeurs, avec la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.

Le traitement de la question de l'antisémitisme sur l'antenne de franceinfo

On commence avec cette remarque de Guy :

"Si l'antisémitisme du XXe siècle avait le visage de l'extrême droite, l'antisémitisme actuel en a deux, toujours l'extrême droite mais surtout l'antisémitisme islamiste, attisé par le conflit israélo-palestinien. L'exode des Juifs des cités, les insultes contre les "feujs" dans les écoles, sont abondamment documentés, le barbu invectivant M. Finkielkraut il y a quelques jours n'étant que la manifestation la plus médiatique du phénomène. Ce qui m'amène à ma question : pourquoi cet aspect de l'antisémitisme moderne n'est-il jamais évoqué dans les discussions ou interviews diffusés sur vos ondes ?"

Jean-Philippe Baille : Nous avons traité dans la globalité toutes les formes de l'antisémitisme sur notre antenne en posant toutes les questions dans nos différents reportages ou interlocuteurs. Pour rappel : nous avons pu entendre Alain Finkielkraut pointer du doigt ce qu'il appelle l'islamo gauchisme.

Nous sommes allés en reportage dans des quartiers populaires pour recueillir des témoignages d'enseignants qui ont raconté leurs difficultés d'aborder, dans leurs cours, la Shoah face à certains jeunes qui remettent en cause son existence. Nous avons expliqué avec des experts ou représentants des Institutions juives que le conflit israélo-palestinien était l'une des sources de l'antisémitisme d'aujourd'hui.

Pour terminer, c'est sur franceinfo que le débat de pénaliser ou non l'antisionisme a été lancé. Nous avons pris soin de traiter toutes les formes d'antisémitisme qui frappent aujourd'hui notre société.

Un autre auditeur, Jean-Hugues, réagit au titre de la chronique "Le vrai du faux" :

"Non, on ne peut pas dire qu'il n'y a quasiment plus d'enfants juifs à l'école publique en Seine-Saint-Denis. Ce titre, écrit Jean-Hugues, dit précisément le fond de la pensée de son auteur, Aurélien Accart : à savoir identifier les populations juives dans la société civile. Appuyer sur le fait que certains endroits institutionnalisent l'anti-sémitisme et que cela porte ses fruits.  

Bien qu'il soit interdit de faire des catégorisations par race ou religion, catégorisations jugées racistes par le législateur, votre auteur ne se cache même pas de la stigmatisation de son titre en se réclamant de l'identification des juifs dans les écoles publiques de Seine-Saint-Denis. Il y a un précédent historique, et pour faciliter la tâche des identificateurs de juifs, les autorités avaient décidé d'imposer le port de l’étoile jaune à tous les juifs présents sur le territoire concerné. Cet article est révoltant, le titre à vomir, et la ligne éditoriale qui valorise la publication de cet article sous cette forme, fait le lit de l’antisémitisme."

Que répondre à l’indignation de cet auditeur ?

Le  titre de cette chronique est une réponse à Éric Ciotti qui en a fait un élément de langage à plusieurs reprises sur franceinfo et sur France Inter. Les statistiques ethniques et religieuses n'existent pas en France, donc on a beaucoup de mal à répondre à cette question d'où l'existence de cette émission "Le vrai du faux" en appelant des professeurs, des parents d'élèves. Le but n'était absolument pas de stigmatiser les juifs. On a pu vérifier que les propos d'Eric Ciotti sont faux. Il y a bien des enfants juifs scolarisés à l'école publique en France.

On termine avec François, professeur à l’Éducation nationale, voici son message : "Je trouve que depuis l'incident dont a été victime M. Finkielkraut, l'ensemble des médias en fait trop. A chaque bulletin, il a été question de cet événement. Je ne souhaite pas le voir occulté. Mais un peu de mesure serait de bon aloi, ne serait-ce que pour l'épargner et ne pas donner d'arguments aux tenants du complot. L'omniprésence de son nom dans les journaux radio et TV me semble de nature à nuire à sa cause."
Un point de vue partagé par Didier qui estime je le cite : "Il faudrait arrêter de parler pendant des heures et des jours de ce sujet ; cela pourrait donner des idées à des personnes mal intentionnées."

En avez-vous trop fait sur les agressions verbales subies par Alain Finkielkraut ? L’ampleur de la couverture médiatique de ces agressions peut-elle lui porter préjudice ?

Nous nous devons de faire état des faits en prenant la distance nécessaire, en tenant compte du contexte. Il est normal de relater ce qui s'est passé. Tenons-nous en au fait, les actes antisémites ont augmenté de 74% en 2018. Ce qui s'est passé avec Alain Finkielkraut est révélateur de la banalisation de ces violences. On ne peut pas passer sous silence de tels faits, ni les minimiser.

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