Tunisie : trois ans après la révolution, la déception
C'était il y a trois ans jours pour jour. Le 17 décembre 2010, Mohamed
Bouazizi s'immolait à Sidi Bouzid dans le centre du pays. Et quelques semaines
après, la rue poussait le président Ben Ali vers la sortie. Depuis, l'euphorie
est retombée. Les espoirs d'une vie meilleure ont disparus et à Tunis, la
notion même de "révolution" est remise en question.
Les Tunisiens sont désabusés : les revendications de la
révolution n'ont pas été comblées. La classe politique semble elle plus
attachée au pouvoir qu'au bien du pays. Tout cela donne un pays abattu, au
niveau économique par exemple car l'instabilité politique et sécuritaire freine
les investisseurs étrangers et toutes les classes sociales sont touchées.
Il y a la crainte du terrorisme, comme celui de l'attentat
échoué sur une plage touristique. Une vingtaine de militaires et gendarmes ont
été tués dans des opérations contre des djihadistes. Deux opposants assassinés.
Le pays n'était pas habitué à cela. Les touristes ne viennent plus. Un secteur
qui employait en temps normal 400 000
personnes, et représentait 7% du PIB
Et pendant longtemps, les islamistes au pouvoir ont minimisé
cette question de la sécurité ne souhaitant pas se mettre à dos les salafistes
dont sont issus les djihadistes. Mais aujourd'hui le gouvernement reconnaît la
gravité de la situation.
Droits de l'Homme bafoués
"Nous sommes actuellement en guerre contre le
terrorisme. Chaque confrontation fait des victimes. Nous avons certes subi des
pertes et perdu des victimes mais nous avons réussi à réduire le risque et le
danger que représentent ces groupes" , explique Mohamed Ali Aroui est
le porte parole du ministère de l'intérieur et de poursuivre :
"La guerre contre le terrorisme fait des victimes
dans le monde entier, cela est prévisible et ca nous fait de la peine. Mais
c'est notre conviction et notre résolution que de défendre ce pays et protéger
la Tunisie."
Autre problème qui se pose, celui des droits de l'Homme.
Déjà bafoués sous Ben Ali, ils le sont encore avec par exemple des emprisonnements
abusifs. Il y a le cas d'Amina, l'ex-Femen, ceux aussi de rappeurs ou des
journalistes. La société civile, et c'est l'acquis de cette révolution, se
mobilise face à ces injustices.
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