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Le mot de l'éco. Négociations commerciales

Ce dimanche 28 février au plus tard, la grande distribution, l'industrie agro-alimentaire et les agriculteurs doivent se mettre d'accord sur les prix d'achat des différents produits alimentaires que les consommateurs trouveront dans les rayons de leur supermarché.

Article rédigé par franceinfo, Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'Etat vient d'assigner au tribunal de commerce de Paris deux centrales d'achat de l'enseigne Intermarché pour "pratiques commerciales abusives" envers 93 fournisseurs, avec une demande de sanction à la clé de 150 millions d'euros. Illustration (PATRICIA HUCHOT-BOISSIER / HANS LUCAS / AFP)

C'est en effet demain dimanche 28 février 2021, au plus tard, que la grande distribution, l'industrie agroalimentaire et les agriculteurs doivent avoir trouvé un accord sur les prix d'achat des différents produits alimentaires que les consommateurs trouveront dans les rayons de leur supermarché. Un enjeu économique évidemment colossal. 

franceinfo : Comment se déroulent justement ces négociations, dans le contexte particulier de l'épidémie de Covid ?  

Raphaël Ebenstein : Mal... Mais en fait un peu comme chaque année, quel que soit le contexte sanitaire ! Pour résumer : les fournisseurs accusent généralement les distributeurs de leur imposer des prix d'achat trop bas, qui ne leur permettent pas de vivre. Et les distributeurs, un secteur où la concurrence est très forte, répondent généralement qu'ils ne peuvent pas faire autrement, qu'ils dégagent eux-mêmes de très faibles marges et qu'ils défendent en quelque sorte le pouvoir d'achat des consommateurs en empêchant une inflation des prix. Bref, une sorte de dialogue de sourds en public, et une féroce discussion de marchands de tapis en coulisses.

Le contexte sanitaire ne change donc rien à l'affaire ?  

Il aggrave sans doute encore les choses, évidemment. Car les producteurs font face à des charges supplémentaires, du fait des mesures sanitaires et de la flambée des cours des matières premières agricoles. Par exemple, la confédération française de l’aviculture estime que le coût de production d'un oeuf a bondi de 7 à 8% par rapport à janvier 2020, mais que les centrales d'achat des hypermarchés ne consentiraient à le payer qu'à peine 1% de plus cette année.

La loi Egalim de 2018 était censée équilibrer les rapports et les rémunérations entre tous les acteurs de la chaîne alimentaire. N'a-t-elle finalement aucun effet ?  

Les avis des différents acteurs de cette chaîne semblent mitigés ! Concrètement, la loi a quand même permis certaines hausses des prix payés aux derniers maillons, les agriculteurs. Ce qui était le but affiché. Cela a été sensible en 2019 sur le lait, par exemple. Ils ont vendu leur production en moyenne 1 centime de plus par litre.

Mais l'Etat doit toujours veiller au grain, en jouant en même temps le rôle de médiateur et de gendarme. La loi Egalim a ainsi créé une "médiation des relations commerciales agricoles" que chaque acteur peut saisir au cours des négociations, en cas de litige, en vue d'un règlement amiable. Ça a été le cas d'une dizaine de filières agricoles cette année.

Dans le même temps, la DGCCRF multiplie les contrôles sur les contrats signés entre distributeurs et fournisseurs. Hasard ou pas du calendrier, d'ailleurs, l'Etat vient d'assigner la semaine dernière au tribunal de commerce de Paris deux centrales d'achat de l'enseigne Intermarché pour "pratiques commerciales abusives" envers 93 fournisseurs, avec une demande de sanction à la clé de 150 millions d'euros. Une manière, peut-être, de remettre la pression sur la grande distribution, avant la fin de ces négociations 2021.

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