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Belgique : les ministres baissent leur salaire de 8% après la boulette d'un des leurs qui disait gagner "entre 14 000 et 15 000 euros"

Lors d'une émission de télévision, un secrétaire d'État belge a déclaré que son salaire oscillait entre 14 000 et 15 000 euros. Un chiffre loin de la réalité mais qui a fait réagir la population.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mathieu Michel, un secrétaire d'État belge, le 13 septembre 2022. (MICHEL HOUET / MAXPPP)

Tout est parti d'une émission télé. Le 25 septembre, sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" sur RTL-TVI, en Belgique, un secrétaire d'État, Mathieu Michel, est interrogé sur son salaire. Et il bafouille un peu : "Un ministre gagne entre 14 000 et 15 000 euros, quelque chose comme ça." Question du journaliste : "Et il vous reste combien en net, pour être clair ?" Réponse : "C'est le net !"

Un net à 15 000 euros, de quoi faire bondir les téléspectateurs assis sur leur canapé ! Même si cette somme inclut les avantages en nature – comme la voiture de fonction –, le secrétaire d'État à la Digitalisation, chargé de la Simplification administrative, de la Protection de la vie privée et de la Régie des bâtiments a surestimé son salaire. En réalité, en Belgique, le salaire d'un ministre tourne autour de 11 000 net. Plus qu'en France où un ministre touche entre 8 000 à 9 000 net.

Le faux pas de Mathieu Michel met le feu aux poudres. Il donne l'image d'une classe politique surpayée, déconnectée des réalités, alors que les Belges font face à une hausse vertigineuse du coût de la vie : l'inflation est presque à 11%. Selon un sondage récent, plus de six Belges sur dix ont peur de ne pas pouvoir payer leurs factures d’électricité cet hiver. Alors, pour faire redescendre la polémique, le Premier ministre Alexander De Croo propose à ses ministres de baisser leur salaire de 8%.

456 000 euros d'économies

Vu le contexte social électrique, la question ne fait pas vraiment débat. D'autant que 8%, c'est peu : souvenez-vous de la baisse de 30% imposée par François Hollande en 2012.

C'est tellement peu que ça va faire économiser "seulement" 456 000 euros par an d'argent public. Somme symbolique par rapport au budget de l’État et aux quelque 4 milliards d’euros d’économies que cherche à faire le gouvernement belge en ce moment. Il faut donc faire plus. C'est devenu la grande foire aux idées : chacun y va de son couplet sur l'exemplarité nécessaire des responsables politiques.

Les députés se disent prêts à, eux aussi, appliquer cette baisse. Les libéraux demandent que tous les échelons participent à l'effort de guerre. Ils en profitent pour rappeler que la Belgique a trop de parlements, trop de gouvernements régionaux... 

"Il y a 55 ministres en Belgique... 4 500 collaborateurs dans les cabinets ministériels, pointe ainsi le député Michel de Maegdt sur le plateau de RTL-TVI. Un nombre extraordinaire d'intercommunales, 14 intercommunales en Wallonie pour s'occuper de la seule distribution du gaz et de l'électricité. Des hauts fonctionnaires gagnent plus que le Premier ministre. Il faut aller beaucoup plus loin pour réduire le poids de l'État dans les finances publiques." La Belgique compte en effet une superposition d'institutions : un gouvernement et un Parlement fédéral, mais aussi cinq gouvernements et autant de Parlements en région. Ce qui peut sembler beaucoup pour un pays de moins de 12 millions d'habitants.

Ce débat a réussi à détourner l'attention de l'opinion publique, mais ça ne va pas durer. Les syndicats belges appellent à une grève générale le 9 novembre pour défendre le pouvoir d'achat.

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