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Pour les eurodéputés, "la Hongrie n'est plus une démocratie"

"La Hongrie ne peut plus être considérée comme une démocratie !" C'est ce que disent les députés européens, dans un rapport accablant sur les défaillances du pays de Viktor Orban.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre de Hongrie, Viktor Orban. (GABRIEL BOUYS / AFP)

La liste est longue comme le bras : manque d'indépendance de la justice, corruption endémique, concentration des médias, mainmise gouvernementale sur les universités, atteinte aux droits des communautés LGBT, affaiblissement des ONG... Si la Hongrie était aujourd'hui candidate pour entrer dans l'Union européenne, on lui claquerait tout simplement la porte au nez.

Ce délitement progressif de la démocratie a commencé en 2010, quand le Fidesz, le parti national-conservateur de Viktor Orbán, est arrivé au pouvoir.

Bien sûr ce n'est pas la première fois que l'Union européenne dénonce la dérive autoritaire de la Hongrie. Mais le rapport de Gwendoline Delbos-Corfield, eurodéputée Verte, met les pieds dans le plat. C'est "l'inaction de Bruxelles" qui a contribué à aggraver les choses. Ce pays n'est plus une démocratie, mais, selon sa formule – un peu alambiquée : "un régime hybride d'autocratie électorale". Ce texte a été massivement adopté (433 voix pour, 123 voix contre, 28 abstentions) et applaudi par les députés à l'issue du vote.

Une façon de mettre la pression

Un vote qui reste avant tout symbolique. Il permet surtout aux parlementaires européens de mettre un gros coup de pression sur la Commission, qui est la seule à pouvoir prendre des sanctions à l'égard d'un État membre.

Plusieurs procédures ont déjà été enclenchées d'ailleurs contre la Hongrie, pour l'instant sans traduction concrète. Le fameux article 7 qui prévoit des sanctions pour violation grave de l'état de droit a été déclenché en 2017, ça n'a pas encore été tranché – et ça ne le sera sans doute jamais.
Le 27 avril cette année, la Commission a également lancé ce qu'on appelle le "mécanisme de conditionnalité" : tant que la Hongrie ne proposera pas des lois crédibles pour lutter contre la corruption, les fonds qui lui sont dus ne seront pas versés.

La Hongrie est d'ailleurs à ce jour le seul pays européen dont le plan de relance post-Covid est toujours suspendu. Sept milliards d'euros. Il y a quelques mois Viktor Otrban assurait de pas avoir besoin de cet argent, mais la situation économique du pays s'est nettement dégradée. Sur ce dossier les deux parties ont jusqu'à la fin de l'année pour trouver un terrain d'entente. Les eurodéputés aimeraient que tout aille beaucoup plus vite.

Pouvoir de blocage

Budapest n'engage pas les réformes qu'on lui demande, au contraire. Dès qu'elle le peut, la Hongrie utilise son pouvoir de blocage. Elle a par exemple menacé d'opposer son veto à l'embargo sur le pétrole russe. Cela lui a permis de bénéficier d'un régime d'exemption et de garder ses liens avec Moscou. Même chose pour la taxe sur les multinationales. Et sur le dossier migratoire après 2015, souvenez-vous, avec ses alliés du groupe de Visegrad elle avait refusé l'idée de quotas pour la relocalisation des demandeurs d'asile.

Le bras de fer avec Bruxelles dépasse donc largement les questions de respect de l'état de droit. Et ce n'est pas ce rapport parlementaire qui va mettre de l'huile dans les rouages. Dès jeudi 15 septembre Budapest, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qualifiait le texte "d'insulte pour les Hongrois".

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