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Norvège : les excuses du gouvernement aux homosexuels

La Norvège s'excuse officiellement pour des faits commis il y a plus de 50 ans, lorsque la loi considérait les homosexuels comme des criminels.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le drapeau arc-en-ciel symbole du mouvement LGBT - lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. (STÉPHANE GARCIA / RADIO FRANCE)

C'était mercredi 20 avril, par la voix du Premier ministre : "Au nom du gouvernement, je tiens à demander pardon, a dit Jonas Gahr, parce que (dans notre pays) des homosexuels ont été traités comme des criminels". En Norvège, il aura fallu attendre le 21 avril 1972 pour que soit abrogé l'article du code pénal qui interdit les relations sexuelles entre hommes (dix ans avant la France).

À cause de cette loi, entre 1902 et 1950, 119 personnes ont été jugées et jetées en prison. À cause de cette loi, la société a fini par croire qu'être homosexuel, c'est être coupable. 50 ans plus tard, le discours a radicalement changé : "Criminaliser des personnes pour leur vie amoureuse, les traiter (médicalement), les priver d'opportunités de carrière et de travail sont des violations graves de nos valeurs", écrit le gouvernement dans un communiqué.

2022, l'année de la culture queer

Aujourd'hui la Norvège est plutôt en avance en termes de droits des LGBT : le mariage civil pour les couples de même sexe y est possible depuis 2009, c'est après les Pays-Bas ou la Belgique, mais bien avant la plupart des pays européens. Les couples gays peuvent aussi se marier devant l'Eglise luthérienne, comme en Suède. 

Pour marquer les 50 ans de la dépénalisation de l'homosexualité, la Norvège a fait de 2022 l'année de la culture queer (le mot désigne ceux dont l'orientation sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants). Au programme, des conférences, des expositions, des concerts à travers tout le pays. 

Mettre fin à la stigmatisation

Voici ce que dit la ministre de la culture et de l'égalité, Anette Trettebergstuen, dans un message vidéo : "Du nord au sud, nous allons communiquer et discuter de l'art, de la culture et de l'histoire des homosexuels. Tout le monde devrait se sentir libre d'être qui il veut, d'aimer qui il souhaite. Et au-delà de cette année particulière, nous devons tous saisir chaque occasion pour défendre les droits des LGBT

En novembre dernier, pour célébrer ce cinquantenaire, la poste norvégienne a de son côté sorti un clip, très commenté sur les réseaux sociaux, où l'on voit le père Noël tomber amoureux d'un homme d'âge mûr à qui il vient remettre chaque année un cadeau. La vidéo se termine par un baiser des deux amants en gros plan.

Les excuses du gouvernement sont importantes mais elles ne font pas tout. "C'est trop peu ou trop tard", dit le leader de la FRI, l'Association pour la diversité des genres et des sexualités en Norvège, Inge Alexander Gjestvang, sur la chaîne TV2. "On sait que beaucoup de personnes ont vécu et vivent encore leur vie, marqués par la stigmatisation". 

L'homosexualité, encore un crime dans de nombreux pays

Les associations des droits homosexuels réclament encore plus de mesures encore pour mettre fin à la stigmatisation du quotidien : interdiction des thérapies de conversion, mention du genre neutre sur les documents d'identité ou changement d'état civil plus facile pour les personnes transgenres.

Dans le monde il reste de nombreux pays où l'homosexualité est encore considérée comme un crime: elle est encore interdite dans 69 pays. Et 11 États la punissent de peine de mort : Iran, Pakistan, Afghanistan, quelques Etats africains et la majorité des pays du golfe.

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