Cet article date de plus d'un an.

"Mocro Maffia" : une célèbre avocate arrêtée aux Pays-Bas, soupçonnée d'avoir aidé à un baron de la drogue

Inez Weski, avocate pénaliste de 68 ans, est aujourd'hui incarcérée. Une nouvelle page d'un feuilleton qui passionne les Néerlandais.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Inez Weski, avocate pénaliste néerlandaise à Amsterdam (Pays-Bas). (REMKO DE WAAL / ANP via AFP)

Inez Weski est connue et reconnue aux Pays-Bas. Âgée de 68 ans, cette avocate pénaliste ne passe pas inaperçue avec son look gothique, avec des yeux très maquillés de noir, vêtue de vêtements noirs. Elle a été arrêtée, vendredi 21 avril par la police de Rotterdam, soupçonnée d’avoir aidé l’un de ses clients, Ridouan Taghi, le chef présumé de la Mocro Maffia, ce réseau ultra puissant parti du Maroc de trafic de cocaïne qui travaille entre autres, avec la Camorra, en Italie. Ridouane Tagui est accusé notamment de treize meurtres et tentatives de meurtres.  

>> Enquête dans le sillage de la Mocro Maffia

Messagère du baron de la mafia ? 

Concrètement, Inez Weski est soupçonnée d’avoir permis à son client, qui est enfermé dans une prison haute sécurité, de communiquer avec l’extérieur et ainsi de transmettre des informations à des trafiquants.

Depuis son arrestation, les mots d’une autre avocate de Ridouan Taghi, résonnent étrangement. Menya Arab-Tigrine, avocate au barreau de Paris, expliquait en janvier que son client ne pouvait plus nuire, tirer les ficelles, qu’il était "matériellement impossible pour lui d’envoyer quelques messages que ce soit. Il n’a plus de contacts avec les êtres humains. Les parloirs avec tout membre de sa famille lui sont strictement interdits. Les contacts avec les membres du personnel pénitentiaire passent par des écrits. Il ne parle plus". Elle dénonçait d’ailleurs alors un traitement humiliant.   

Le procès de Ridouan Taghi, un "feuilleton" qui sidère les Pays-Bas

Aux Pays-Bas, depuis l’arrestation de Ridouan Taghi, depuis le début de son procès, il y a déjà trois ans, il y a eu des assassinats, des morts : le frère d’un témoin-clé, l'avocat de ce témoin-clé ou encore un journaliste d’investigation, Peter De Vries. Et puis il y a eu des menaces d’enlèvements, qui ont visé le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, ainsi que le ministre de la Justice et un membre de la famille royale, la princesse Amalia.

Il suffit d’ailleurs de voir la manière dont se tient ce procès fleuve pour comprendre la crainte qu’inspire, même en cellule, Ridouan Taghi : plusieurs cordons de sécurité, des soldats avec fusils automatiques, un drone qui vole au-dessus du tribunal, surnommé le "bunker". Les avocats des parties civiles plaident masqués.

Selon le procureur, c’est le décryptage d’une messagerie privée, Sky ECC, qui permet aujourd’hui de soupçonner Inez Weski. L’avocate a-t-elle transmis des documents ? Si oui, a-t-elle été menacée, forcée ? Depuis sa cellule, elle clame son innocence et des collègues évoquent déjà les pressions qui pesaient sur la pénaliste. Seule certitude : Inez Weski ne défendra plus le baron de la drogue néerlandais.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.