Animaux : les orques "couleuses de bateaux" étendent leur territoire jusqu'en Norvège
L'attaque s'est produite lundi, près des îles Shetland. Wim Rutten, un retraité néerlandais de 72 ans, plaisancier expérimenté, navigue en solitaire sur son yacht. Tandis qu'il pêche tranquillement le maquereau à la ligne quand il voit surgir à la poupe une orque - qui visiblement n'est pas venue lui faire des câlins.
>> Chez les orques, l’effet "grand-mère" est encore plus fort que ce que l’on pensait
"Elle a frappé encore et encore, elle a créé des chocs à travers la coque. Ce qui m'a le plus effrayé, c'est sa respiration très bruyante, raconte-t-il au Guardian. Elle est restée derrière le bateau, elle cherchait la quille. Elle a disparu… Et puis elle est revenue à vive allure, deux ou trois fois" avant de s'en aller. Wim Rutten s'en sort sans blessures... mais avec une grosse frayeur.
500 "interactions" entre orques et bateaux depuis 2020
C'est la première fois que ce type d'incident est rapporté dans cette zone. Jusqu'ici les orques "couleuses de bateau" se manifestaient uniquement au sud du Portugal et de l'Espagne, parfois jusqu'au large de la Galice.
Ça fait un peu plus de deux ans qu'on observe ce phénomène. 500 interactions entre orques et bateaux ont été répertoriées depuis 2020. Le 22 mai, le skipper français Sébastien Destremau a été cerné par une vingtaine d'individus. Son bateau de 15 tonnes s'est retrouvé "secoué comme une coquille de noix", pendant près d'une heure.
Ce 22 juin, à l'approche du détroit de Gibraltar, la team JAJO qui participe à un tour du monde en équipage et en étapes a elle aussi été visée. Un des marins a filmé sous l'eau : on voit très bien les grands mammifères noir et blanc s'en prendre au gouvernail.
Les scientifiques portugais espagnols et français qui ont créé un groupe de travail sur le sujet, le GTOA (Groupe de travail orca atlantica) n'ont absolument pas la réponse. Mais ils formulent deux hypothèses principales. Les orques, qui sont très sociables, peuvent être dans une recherche de contact ludique. Elles voudraient juste jouer, surtout quand les groupes sont composés de jeunes mâles, et quand un animal de 8 tonnes joue avec un bateau, forcément ça secoue.
L'autre hypothèse, c'est qu'une femelle adulte, baptisée White Gladis, chercherait à se venger après une collision avec un navire. Depuis, cette orque aurait développé une technique pour arrêter, voire couler les bateaux, qu'elle aurait ensuite enseignée aux plus jeunes.
Cet enseignement se serait transmis jusqu'aux îles Shetland, même 3 000 kilomètres plus au nord. Un spécialiste des orques explique au magazine Géo que les groupes, qui sont très structurés, peuvent tout à fait avoir partagé l'information et ensuite être remontés le long des côtes sur une très longe distance. Si les orques ne s'en prennent pas du tout aux humains, c'est indéniablement l'activité humaine qui est à l'origine de leur changement de comportement : augmentation du trafic maritime, diminution des sources de nourriture, réchauffement des mers ou pollution sonore.
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