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Les déchets électroniques, un danger pour la santé dans le monde

L'organisation mondiale de la santé s'alarme de la forte hausse de nos déchets électroniques, véritable danger pour nos organismes.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Déchets électroniques. (AYMERIC RENOU / MAXPPP)

Dans un rapport publié cette semaine, l'OMS explique que la santé de millions d’enfants et de femmes à travers le monde est menacée par ces déchets d'un nouveau genre. Car tous ceux qui travaillent dans les décharges illégales, pour récupérer le cuivre ou l'or des ordinateurs, des téléphones portables ou des appareils électro-ménagers s'exposent à des substances extrêmement toxiques : plomb, mercure, nickel, pour ne citer que les plus courantes - il y en a en réalité plusieurs centaines.

Les enfants, les plus exposés

Les enfants sont particulièrement exposés : proportionnellement, leur organisme absorbe beaucoup plus les polluants. Au Ghana, dans la banlieue d'Accra, la capitale, il y a une immense décharge : Agbogbloshie, le point de chute illégal de déchets qui viennent majoritairement de pays industrialisés.

Selon Marie-Noël Brune Drisse, l’auteure principale du rapport de l’OMS sur le Ghana, un enfant qui mange un œuf de poule élevée sur place va ingérer "220 fois la dose tolérable de dioxines chlorées fixée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments". Or ces dioxines sont des polluants organiques persistants. Elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire et peuvent provoquer des cancers, des malformations congénitales, des altérations du développement de l’enfant, des perturbations de la thyroïde. 

Selon l'OMS, 18 millions d'enfants sont exposés. Certains n’ont pas plus de 5 ans, poussés par leurs familles à travailler parce qu'ils sont plus habiles que les adultes pour démonter les circuits électroniques. Les femmes enceintes, elles, risquent davantage de fausses couches ou de naissances prématurées. Les fœtus peuvent être eux aussi contaminés.

Le phénomène existe au Ghana donc, mais aussi au Nigeria, au Cameroun, en Égypte, en Inde, en Chine, au Pakistan, au Vietnam, au Bangladesh, aux Philippines, en Thaïlande, au Vietnam, au Mexique, en Uruguay : l’OMS a identifié des décharges électroniques dans une quinzaine de pays différents. Le plus grand site au monde, qui s’étend sur plus de 50 kilomètres carrés, est situé à Guiyu, en Chine. 150 000 personne y travaillent chaque jour. 

Le poids de 350 navires de croisière

Des déchets électroniques qui ne sont pas près de diminuer : en 2019 notre planète en a généré plus de 56 millions de tonnes selon le Global E-waste Statistics Partnership (GESP). En poids c'est comme si on prenait 350 navires de croisière comme le Queen Mary 2. Mis bout à bout, ils formeraient une ligne de 125 kilomètres de long.

Et comme l'obsolescence de nos appareils est plutôt rapide, les volumes de production ne cessent d'augmenter, + 21 % en cinq ans. On parle d'un véritable "tsunami de déchets électroniques". 

"De la même manière que le monde s’est mobilisé pour protéger les mers et leurs écosystèmes de la pollution due aux plastiques et aux microplastiques, nous devons nous mobiliser pour protéger notre ressource la plus précieuse – la santé de nos enfants – de la menace croissante des déchets électroniques", alerte Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS.

17,4% seulement de déchets recyclés

Sauf que la plupart des pays ne voient pas encore cette question sous l'angle de la santé. C'est au mieux un problème de gestion des déchets, parfois un problème environnemental qui suscite peu d'adhésion. En 2019, 17,4 % seulement de ces e-déchets ont été recyclés.

Quelles mesures on prend ? Il faut améliorer le recyclage, contraindre les pays les moins développés à respecter les normes, augmenter les sanctions. Les revenus des activités criminelles dans le secteur des déchets sont souvent comparables à ceux du trafic de stupéfiants, mais les sanctions beaucoup plus faibles et les poursuites inexistantes. 

L'Europe à la traîne en matière de contrôles

Tout le monde a des leçons à prendre. En mai 2021, la Cour des comptes européennes a sévèrement épinglé les 27, trop loin de leurs objectifs. Son rapport révèle qu'entre 2009 et 2013, les autorités italiennes ont découvert dans des forêts, zones industrielles ou terrains agricoles environ 300 décharges sauvages. Le texte pointe du doigt le fait qu'en 2017, la moitié des États membres n'avaient mis en place aucun plan d'inspection sur le traitement des déchets.

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