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Le Sénégal inaugure son premier TER : la fin des embouteillages à Dakar ?

C’est le premier train express régional d’Afrique de l’Ouest. Il roule depuis lundi  27 décembre à Dakar. Les habitants en attendent beaucoup mais va-t-il suffire pour réduire les embouteillages monstres de la capitale sénégalaise ?

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le TER en gare de Dakar (Sénégal), le 22 décembre 2021. (SEYLLOU / AFP)

Enfin une solution pour les habitants de Dakar ? L’inauguration du premier TER du pays, lundi 27 décembre, doit aider à décongestionner la capitale sénégalaise. Les habitants qui prennent la route tous les matins vivent jusqu’à présent un "calvaire" au milieu des embouteillages. "On arrive souvent en retard quand on veut aller au travail, explique l’un d’entre eux. C’est vraiment compliqué. Souvent ça me donne même la nausée, on a la tête qui tourne, on n’arrive plus à avancer. On est fatigué." Certains Dakarois se lèvent très tôt pour ne pas risquer ces retards et attendent longtemps devant la porte de leur entreprise l’heure d’ouverture.

Quelques chiffres pour comprendre à quel point Dakar est congestionné : la ville compte 20% de la population totale du Sénégal (environ trois millions d’habitants), en superficie elle représente moins de 1% du territoire national et elle rassemble plus de 85% des emplois du pays. Cela veut dire beaucoup de monde au même endroit, aux mêmes heures. D’après la Banque mondiale, la congestion de Dakar fait perdre au pays 152 millions d’euros par an.

Redynamiser les villes

Ce TER doit donc désengorger Dakar. D’après le président Macky Sall, qui a inauguré lui-même le train, le TER va devenir "l’épine dorsale du transport dakarois". Ce train express régional ultra-moderne fait la fierté du président sénégalais qui veut redynamiser les villes croisées par le tracé. Le TER fait partie du Plan Sénégal Emergent (PSE), un programme de développement initié par le président Sall au pouvoir depuis 2012. Il doit s'achever à l'horizon 2035.
Pour l’instant, le tracé ne fait que 36 kilomètres. Il permet de relier Dakar à la ville de Diamniado en une trentaine de minutes, alors qu’il faut plusieurs heures le matin quand le trafic est bouché. 8 500 emplois ont été créés.

La France a participé à l’arrivée du train, notamment dans la construction des voies et des rames. Le projet a coûté plus de 1,1 milliard d’euros,  "financé aux deux tiers par des prêts de la Banque Islamique de Développement, de la France et de la Banque Africaine de Développement", note RFI. Un deuxième tronçon est en construction. Il reliera Dakar à l’aéroport international d’ici 2023.

Un train trop cher

Est-ce que cela va vraiment suffire pour réduire les embouteillages de Dakar ? Aider oui, suffire, probablement pas. 115 000 passagers devraient être transportés par jour. Encore faut-il qu’ils prennent vraiment place à bord du TER.
Le billet coûte entre 2,5 et 4 euros, une grosse dépense si on le prend tous les jours. Le salaire moyen au Sénégal est de 186 euros. Pour séduire les passagers, le TER sera gratuit pendant une quinzaine de jours. Mais après cette période de découverte, beaucoup de Sénégalais vont sans doute continuer à prendre les taxis collectifs et les bus, très populaires dans le pays et beaucoup moins chers.

Le train aura aussi coûté beaucoup aux habitants qui vivaient sur son tracé. Des milliers de personnes ont été expropriées et la livraison des sites de relogement a pris du retard. Un collectif d’expropriés réclame des indemnités à l’État d’environ 76 millions d’euros.

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