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Le futur film de Captain America crée l'émoi au Liban, 40 ans après le massacre de Sabra et Chatila

La société de production Marvel Studio vient de dévoiler les premières images de son nouveau film de superhéros, prévu pour 2024, "Captain America 4 : New World Order". Depuis, les réseaux sociaux libanais s’enflamment.

Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran de la bande-annonce de "Captain America : New World Order"  (MARVEL STUDIOS)

Dans la bande-annonce de ce nouveau film, on découvre une nouvelle super-héroïne, jouée par l’actrice israélienne Shira Haas. Elle porte un costume bleu et blanc, avec une grosse étoile de David sur la poitrine. C’est une ancienne agente du Mossad reconvertie en justicière. A priori pas de quoi plaire aux Libanais, qui sont toujours officiellement en guerre contre leur voisin du sud. Tous les films où jouent des acteurs israéliens sont d’ailleurs systématiquement bannis des salles de cinéma. 


Mais ce qui a surtout fait réagir et même scandalisé certains internautes, c’est le nom de ce nouveau personnage : Sabra. Parce qu’au Liban, c’est le nom d’un camp de réfugiés palestiniens, et surtout le lieu d’un massacre, celui de Sabra et Chatila. Le timing est en plus particulièrement mal choisi : le Liban commémore justement ce week-end les 40 ans du drame. Des milliers de Palestiniens exécutés froidement par des milices chrétiennes pendant la guerre civile, avec la complicité au moins passive de l’armée israélienne. Les responsables du massacre n’ont jamais été jugés. Pour beaucoup d’internautes, le nom de ce nouveau personnage israélien, Sabra, est donc une insulte à la mémoire des victimes.

Un personnage créé deux ans avant le massacre

Sabra fait sa première apparition dans une BD de Marvel sortie en 1980. En parcourant cette vieille bande dessinée, on y découvre une Sabra qui pourchasse l’incroyable Hulk. Mais on y lit aussi quelques sorties racistes, avec notamment un personnage d’enfant arabe, présentée comme un voleur analphabète… Dans une bulle de la BD, ce gamin livre une analyse un peu naïve du conflit israélo-palestinien, avec ces mots : "Nos peuples auraient pu partager cette terre, si deux très vieux livres ne leur avaient pas dit de s’entretuer." Des mots qui prônent donc plutôt l’apaisement entre Israéliens et Arabes…

Reste maintenant à voir comment cette BD sera mise au goût du jour, et adaptée au cinéma .Réponse en 2024.

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