La Cour des comptes européenne propose d'intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix de la viande
Les législateurs européens liront avec attention le rapport de la Cour des comptes européenne (ECA) consacré au transport des animaux d'élevage, publié lundi 17 avril. Cet automne, ils doivent rafraîchir toute la réglementation en matière de bien-être animal, qui date d’il y a quasiment 20 ans.
D'abord, le constat : pour nous nourrir, 1,6 milliard d'animaux (essentiellement des volailles et des porcs) sont transportés chaque année entre l'Union européenne et les pays tiers. Ces déplacement répondent d'abord à une logique de rentabilité, d'économies d'échelle. Les animaux sont toujours plus nombreux à être transportés, sur des distances toujours plus longues. Ce qui entraîne du stress et de la souffrance, la faim, la soif, la chaleur. La France, par exemple, envoie ses veaux par camion en Espagne où ils sont engraissés avant d'être réexportés par bateau (dans des conditions parfois très contestables) en Turquie ou en Israël pour y être abattus.
Pas de trajets de plus de huit heures
Pour que ça change, la Cour des comptes recommande d'éviter les trajets de plus de huit heures, d'avoir recours à des abattoirs de proximité et de favoriser le transport de la viande plutôt que des animaux vivants. Alors qu'aujourd'hui, il est souvent plus rentable de transporter des animaux vivants. La question de leur bien-être a été prise en compte dans les élevages, mais elle ne l'est pas du tout dans le transport. Une autre solution serait en effet d'"attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale pendant le transport, [de] l'intégrer dans le coût du transport et in fine dans le prix de la viande".
Pour l'instant, c'est encore un concept. Tarifer la souffrance animale : on n'a encore jamais fait. Le mot "taxe" n'est pas encore prononcé. La Suédoise Eva Lindström, auditrice de la Cour, est malgré tout absolument convaincue. Elle rappelle d'ailleurs que les consommateurs sont déjà prêts à payer plus cher s'ils sont mieux informés des conditions d'élevage. C'est ce qu'ont montré plusieurs enquêtes de la Commission européenne. Aujourd'hui, la seule réglementation dans ce domaine concerne les œufs, avec un code sur la coquille pour savoir si la poule a été élevée en cage, au sol, en plein air ou en bio. Pour la viande, il faudrait aussi savoir comment elle a été transportée jusqu'à l'abattoir. Enfin, il risque de couler de l'eau sous les ponts avant que "souffrance animale" soit prise en compte dans la facture finale de votre tranche de veau ou de vos filets de poulet. À ce stade, il n’y a pas de consensus entre États.
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