L'Afghanistan touché par l'un des séismes les plus meurtriers de son histoire

Il a été un peu éclipsé ces derniers jours par la guerre entre le Hamas et Israël : en Afghanistan, un tremblement de terre d'une magnitude de 6,3 s'est produit, samedi 7 octobre, dans l'ouest du pays. Il y a plus de 2400 morts. Trois jours après, les habitants continuent de rechercher les victimes.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des habitants dans les décombres de maisons détruites par un tremblement de terre à Zenda Jan, le 9 octobre 2023 dans la province de Hérat, en Afghanistan. (MIRWAIS AMIR / ANADOLU AGENCY / AFP)

Quand les premières secousses ont fait vibrer la montagne samedi 7 octobre au matin, les maisons construites en briques de terre séchées se sont effondrées en quelques secondes.

Dans les villages isolés de Zenda Jan, à une trentaine de kilomètres de la ville d'Herat, aucune habitation n'est restée debout, et les répliques, il y en a encore eu deux lundi, ont fait tomber les derniers murs.

L'Organisation mondiale de la Santé estime que 11 000 personnes venant de 1 655 familles avaient été affectées par le séisme et ses répliques. 

Encore des survivants sous les décombres

Depuis trois jours, les survivants déblaient à mains nues ou armés de simples pelles. Parfois, il y a des miracles, comme ce petit garçon retrouvé enterré jusqu'au cou... mais vivant. Seul son visage gris, couvert de poussière, émergeait d'un tas de gravats. Mais lundi on a aussi enterré 300 victimes lors de funérailles collectives, majoritairement des femmes et des enfants - au moment du séisme les hommes avaient quitté les maisons pour aller travailler. 


Pour l'instant, l'aide humanitaire arrive au compte-goutte. L'Afghanistan connaît une crise humanitaire généralisée depuis que les talibans ont repris le pouvoir à l'été 2021. La plupart des ONG internationales ont quitté le pays, les donateurs ont été mobilisés par d'autres crises, notamment la guerre en Ukraine, certains ont refusé de soutenir la politique de répression talibane à l'égard des femmes.

La province d'Hérat, qui compte un peu moins de deux millions d'habitants, est par ailleurs frappée depuis des années par une sécheresse qui a paralysé de nombreuses communautés agricoles, déjà en proie à d'innombrables difficultés. L'ONG Save the Children évoque "une crise qui s'ajoute à une autre crise". Son directeur pour le pays, Arshad Malik, juge l'étendue des dégâts "terrifiante. Le nombre de personnes affectées par cette tragédie est vraiment bouleversant".

L'ONU débloque cinq millions de dollars

Aujourd'hui les autorités sont dépassées. Le porte-parole du ministère de la gestion des catastrophes a lancé un appel à la communauté internationale. L'ONU va débloquer un fonds d'urgence de cinq millions de dollars.

Les pays voisins se mobilisent : la Chine, l'Iran (dont la frontière n'est qu'à quelques kilomètres de l'épicentre du séisme) et le Pakistan, qui envoie des kits d'hygiène, des tentes, des couvertures. Des dizaines de milliers de personnes vivent et dorment dehors par 5 degrés la nuit, sans abri ni nourriture... Elles vont devoir être relogées. Défi logistique majeur pour les talibans.

Personne n'était préparé

L'Afghanistan est coutumier des tremblements de terre mais cette catastrophe n'a pas d'équivalent, dans cette région en tout cas, où il n'y a jamais eu de séisme aussi violent. Personne ne s'attendait à une telle catastrophe dans cette partie du pays, personne n'était préparé.

C'est plutôt à l'est du pays, sur la chaîne de l'Hindou Kouch, proche du point de jonction entre les plaques tectoniques eurasienne et indienne, que la terre tremble. Comme en juin dernier. Comme en 1998, quand le séisme le plus meurtrier de l'histoire de l'Afghanistan a fait plus de 4 000 morts.

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