Italie : dans leur traditionnel clip de Noël, des joueurs de football s'engagent contre les violences faites aux femmes

"Nous voulons faire du bruit", assument les footballeurs d'Ascoli Calcio, en reprenant "Every breath you take" de Police, deux mois après le féminicide de Giulia Ceccatin, qui avait particulièrement secoué l'Italie.
Article rédigé par Bruno Duvic - Edité par Théo Uhart
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une capture d'écran du clip de Noël de l'Ascoli Calcio, contre les violences faites aux femmes. (ASCOLI CALCIO / DR)

C'est une tradition en Italie. Chaque année, le club de football de deuxième division d’Ascoli Calcio, dans les Marches, près de la côte adriatique, offre à ses supporters un clip de Noël. Les joueurs y reprennent un classique de la pop, comme "Imagine" en 2021 ou encore "The Sound of silence" l'an passé. Mais cette année, c'est un choix très ancré dans l'actualité que les footballeurs, en reprenant le mythique "Every breath you take", de Police.

Ce qui est une chanson d’amour prend une tournure beaucoup plus inquiétante dans le clip qui accompagne les paroles. S’y alternent des images des joueurs enregistrant la chanson et une histoire. On voit les jambes d’une femme qui marche dans la rue, de nuit, chaussée d’escarpins rouges. Puis apparaissent des souliers noirs. La femme est suivie par un homme, de plus en plus proche. Et à la dernière image, les chaussures rouges, tachées de poussière, sont abandonnées dans une ruelle. C’est une agression qui s’est jouée sous nos yeux.

"Nous voulons faire du bruit"

À la fin de la chanson, plusieurs joueurs, dont le milieu de terrain Fabrizio Caligara, prennent la parole, et ajoutent ceci :

"Nous voulons, nous, des hommes, lancer ce message : l'amour et l'affection n'ont rien à voir avec la violence et l'oppression."

Fabrizio Caligara, milieu de terrain

dans le clip de Noël de l'Ascoli Calcio

Et les joueurs ajoutent, en agitant leurs clés : "Nous voulons faire du bruit". Une allusion à une féminicide récent, qui a particulièrement marqué les esprits dans un pays où il y en a près d'un tous les trois jours : celui de Giulia Cecchetin.

Elle avait 22 ans et a été tuée par son ex-compagnon qui ne supportait pas qu’elle le quitte. Après sa mort, une minute de silence devait se tenir en Italie, mais sa sœur Elena, a dit "pas question, c’est une minute de bruit et de colère qui doit être organisée". Message reçu, dans les lycées en particulier : le 21 novembre dernier, les élèves ont tapé sur les tables et les murs des écoles et applaudi. Elena Cecchetin a été désignée personnalité de l’année par l’hebdomadaire italien L'Espresso, et fait partie des femmes de l'année du Corriere de la Sera. Lors des obsèques de Giulia, le 5 décembre, qui ont rassemblé 10 000 personnes à Padoue près de Venise, le père de Giulia, Gino, avait appelé les hommes à se mobiliser. Ce petit clip de footballeurs montre que le discours infuse dans la société italienne.

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