Espagne : la loi d'amnistie promise aux séparatistes catalans est examinée par les députés

C'est un projet de loi ultrasensible, qui est arrivé, mardi, au Parlement espagnol. Il prévoit d'effacer les condamnations qui ont frappé des militants indépendantistes de Catalogne. Et les débats sont extrêmement houleux.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre espagnol Carlos Sanchez et Pere Aragones, le président du gouvernement catalan, à Barcelone, dans le cadre des négociations avec les partis indépendantistes catalans, le 21 décembre 2023. (ALBERT LLOP / NURPHOTO / AFP)

Le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, est il en train de refermer les plaies de l'Espagne ou bien au contraire de les raviver ? C'est toute la question avec cette loi d'amnistie examinée, mardi 23 janvier, en commission au Parlement. Le pari de Pedro Sanchez, c'est que la société espagnole doit tourner la page et oublier. Oublier la guerre d'influence entre Madrid et Barcelone, oublier les affrontements entre le pouvoir central et les indépendantistes de Catalogne, oublier le référendum illégal organisé, en 2017, pour ou contre l'indépendance des Catalans. Un référendum illégal précisément, qui a valu des peines de prison à ceux qui l'ont préparé, c’est-à-dire les leaders séparatistes. Des peines qui seraient donc effacées si cette loi d'amnistie était votée.

Ce texte de loi est donc porté à Madrid par le gouvernement socialiste. Mais la droite et l'extrême droite y sont totalement opposées, elles y voient "une clémence insupportable contre ceux qui veulent détruire l'unité de l'Espagne". Le Parti populaire, c’est-à-dire la droite conservatrice, a organisé des manifestations massives contre cette loi d'amnistie, tout comme l'extrême droite, le mouvement Vox. Ces deux formations, de droite et d'extrême droite gouvernent d'ailleurs maintenant ensemble dans plusieurs régions espagnoles. Cette loi d'amnistie leur offre l'occasion de se rapprocher contre un ennemi commun et un jour, pourquoi pas, de former une coalition au pouvoir.

Le retour de l'indépendantiste Oriol Junqueras ?

Si Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, prend le risque de raviver les divisions, c'est qu'il n'avait pas vraiment le choix s'il voulait continuer à gouverner. Sa majorité ne tient qu'à un fil, ou plutôt à quelques voix, celles des députés indépendantistes. Ils ont donc négocié leur soutien contre la promesse de cette loi d'amnistie.

Si elle entre en vigueur rapidement, elle permettra d'ailleurs de remettre en selle l'une des grandes figures indépendantistes, Oriol Junqueras, condamné à treize ans de prison pour l'organisation du référendum et déclaré inéligible. Il pourrait, grâce à cette loi, retrouver ses droits civiques et donc se présenter aux élections européennes du mois de juin prochain. Ce qui ne manquerait pas d'alimenter à nouveau ce débat qui secoue l'Espagne : préserver l'unité du royaume ou accepter les identités qui veulent s'en séparer.

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