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En Allemagne, la modernisation de l'armée au point mort

Il y a un an, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le chancelier allemand Olaf Scholz promettait un changement de calibre pour l'armée, avec des investissements historiques. Aujourd'hui, le constat s'impose : rien n'a changé. La Bundeswehr manque toujours de tout.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le chancelier allemand Olaf Scholz prononce un discours lors d'une visite des forces armées du pays à Schwielowsee, le 4 mars 2022. Photo d'illustration.  (TOBIAS SCHWARZ / AFP)

L'armée manque de bateaux, d'avions et de chars mais aussi de formation et d'entraînement. Quant aux casernes, "elles sont dans un état lamentable dans tout le pays" : appartements délabrés, toilettes en panne, douches mal nettoyées, salles de sport inexistantes... et pas toujours de connection wifi..
Eva Högl, la commissaire parlementaire de l'armée, qui est en quelque sorte l'avocate des militaires, a mis les pieds dans le plat mardi en présentant son rapport annuel.

Et le problème c'est que sur les 100 milliards d'euros promis en février 2022 pour corriger des années de sous-investissement... « pas un centime" dit-elle, "n'est arrivé » jusqu'aux soldats.

9 ans pour passer une commande de matériel

La faute à la bureaucratie... Un exemple pioché dans ce rapport : pour acheter des équipements de parachutiste, il a fallu quasiment. 9 ans. Pas 9 semaines, pas 9 mois... 9 ans. Et ce n'est pas un cas isolé. Pourquoi ? Parce qu'en vertu de la Constitution allemande, les achats sont gérés par une administration distincte de l'armée, qui se trouve être complètement déconnectée des réalités du terrain.

Le fonds spécial de 100 milliards d'euros n'obéit pas aux mêmes règles mais là aussi les process sont longs... 30 milliards sont déjà fléchés pour l'achat de F-35, mais ces avions de chasse américains ne seront pas livrés avant 2026.

300 milliards d'euros

Autant dire que tout le matériel envoyé en Ukraine n'est pas prêt d'être remplacé. Pour la commissaire, c'est simple, il faudra 7 à 10 ans pour que la Bundeswehr soit de nouveau opérationnelle.

Et le gouvernement va devoir allonger. Au moins 300 milliards d'euros au total.
Berlin est en train de comprendre que le changement de paradigme de sa politique de défense ne se fera pas en un claquement de doigt.

16% des postes vacants

D'autant que ces difficultés ont un impact sur l'attractivité de l'armée allemande : les candidats au métier de soldat sont chaque année moins nombreux... 18.000 postes ne sont pas pourvus, c'est presque 16 % des effectifs - même dans les domaines supposés comme l'informatique ou la cybersécurité. Et quand les recrues franchissent le pas, beaucoup claquent la porte au bout de six mois... dans l’armée de terre, ça concerne 3 soldats sur 10. De quoi donner du crédit aux responsables politiques (certes minoritaires) qui réclament le retour du service militaire obligatoire, supprimé en 2011.

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