En Allemagne, la chute du magnat autrichien de l'immobilier René Benko

La faillite du groupe met en péril un grand nombre de projets dans plusieurs des principales villes allemandes.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
L'immeuble "Elbtower", à Hambourg (Allemagne) en octobre 2023 (IMAGO/CHRIS EMIL JANSSEN / MAXPPP)

René Benko quitte l’école à 17 ans pour se lancer dans les affaires. Elles vont vite devenir florissantes. Sa recette est simple : il achète à bas prix des biens immobiliers et les revend, après travaux, avec une plus-value considérable. Pour séduire les investisseurs, l’homme d’affaires leur promet de faire fortune sans efforts. 

En 20 ans, Benko bâtit l’un des empires les plus prestigieux d’Europe, avec des propriétés de luxe, des grands magasins… Il invite les politiques sur son yacht de la côte d’Azur, dans son domaine de chasse ou son chalet à la montagne. Selon le magazine Forbes, la fortune de René Benko s’élève à 5,6 milliards d’euros. Le slogan de son groupe, dans les années 2000, résume son état d’esprit : "Il n’a jamais été aussi ennuyeux de devenir riche."

Mais pour financer ses projets, René Benko a besoin d’argent. Et avec la crise immobilière, la guerre en Ukraine, les taux d’intérêt s’envolent et les coûts des matériaux de construction flambent. Les projets s’arrêtent, la stratégie du milliardaire ne fonctionne plus.

Les clients désertent aussi les grands magasins que Benko avait mis dans son giron : Galeria Karstadt Kaufhof s’effondre, même chose pour le fleuron de l’ameublement Kika-Leiner qui fait faillite… Cette semaine, René Benko a dû aussi se défaire de l’enseigne historique britannique Selfridges, qu’il a cédée à un groupe thaïlandais. Aucun chiffre officiel n’a filtré sur la déroute financière du groupe mais la dette s’élèverait au moins à dix milliards d’euros, selon le magazine Der Spiegel.

Face à ses difficultés, l’homme d’affaires vient de laisser la place à un expert des opérations de restructuration.

Plusieurs projets immobiliers emblématiques sont menacés

À Hambourg par exemple, sur le chantier de L’Elbtower, les immenses grues rouges sont à l’arrêt. Avec 245 mètres de hauteur et 64 étages, l’immeuble devait devenir en 2025 le troisième plus haut d’Allemagne. La ville a menacé de démolir ce qui a déjà été construit si les travaux ne sont pas terminés dans les délais.

Autre projet dont l’avenir est en suspens : la rénovation de l’Alte Akademie de Munich, l’ancien collège jésuite qui devait être transformé en bureaux et logements. La liste des chantiers suspendus est encore longue : à Berlin, Francfort, Düsseldorf ou Stuttgart. Les maires qui ont accordé leur confiance à René Benko le regrettent aujourd’hui.

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