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Ecosse : Humza Yousaf, Premier ministre atypique et chantre de l'indépendance

Agé de 38 ans, Humza Yousaf a été élu lundi à la tête du parti indépendantiste écossais, à l'issue d'un scrutin interne déclenché par la démission surprise de Nicola Sturgeon, après huit ans en poste. Portrait.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Humza Yusaf, futur Premier ministre écossais. (LESLEY MARTIN / MAXPPP)

Humza Yousaf c'est un profil assez atypique. D'abord, il n'a "que" 38 ans, ce qui en fait l'un des plus jeunes premiers ministres actuellement en fonction à travers le monde. Ancré à gauche, très progressiste sur les questions de société, il soutient notamment une loi (controversée) qui veut faciliter le changement de genre pour les plus jeunes, dès 16 ans et sans avis médical.

Il est aussi musulman, petit-fils d'immigrés pakistanais arrivés en Écosse dans les années 60. Là aussi, à son poste, c'est une première. Et puis on le connaît pour ce discours qu'il a prononcé dans l'enceinte du parlement. C'était en 2020, alors qu'il était ministre de la Justice.

Humza Yousaf explique qu'en Écosse les postes les plus élevés sont occupés presque exclusivement par des Blancs. Et dans une longue litanie, il égrène la liste des postes dans son propre ministère...

Avec sa femme, il a aussi poursuivi en justice les responsables d'une crèche où leur fille n'avait pas pu avoir de place, en l'accusant de discrimination. Les poursuites ont finalement été abandonnées.

"Le peuple a besoin de l'indépendance"

Humza Yousaf, qui est au gouvernement depuis 2012, a aussi été ministre... de l'Europe, des Transports et de la Santé. Sans démériter, mais sans forcément briller. Ses détracteurs disent qu'il n'a aucune réalisation d'ampleur à son actif. Or, son ambition, aujourd'hui, est de conduire l'Écosse vers l'indépendance. Il promet de faire lui-même partie de "la génération qui obtiendra l'indépendance pour l'Écosse", Car "le peuple, dit-il, a besoin de l'indépendance dès maintenant, plus que jamais".

Ce sont les mots qu'il a eus quand il a été élu à la tête du SNP le 27 mars, le parti indépendantiste écossais qui domine le paysage politique depuis quinze ans. En cela, il s'inscrit parfaitement dans les pas de sa mentor, Nicola Sturgeon, la chef historique du SNP, qui a démissionné par surprise en février après 8 ans de mandat.

Humza Yousaf a d'ailleurs déjà promis de lancer un mouvement populaire en faveur de l'autodétermination. Le problème, c'est que tout est bloqué puisque la Cour suprême britannique a interdit aux Écossais d'organiser un référendum sans l'accord de Londres.

Accueilli par Londres "comme l'eau dans un bateau qui fuit"

Réaliser son objectif ne sera pas facile, et d'abord avec Downing Street... pour reprendre un proverbe écossais, Humza Yousaf est autant "bienvenu comme l’eau dans un bateau qui fuit". Le gouvernement britannique n'a aucune envie de voir les divisions s'accentuer entre ses nations constitutives. Il a d'ailleurs déjà demandé de s'attaquer aux vrais problèmes : l'inflation, le coût de la vie et les listes d'attente dans le système de santé. Le ton de leur relation est à peu près clair.

Mais ça ne sera pas facile non plus avec les Écossais : en 2014, c'est le "non" qui l'avait emporté au referendum sur l'indépendance. Depuis le Brexit, c'est vrai que les électeurs sont bien plus nombreux à vouloir rompre avec Londres pour revenir dans l'Union européenne. Nombreux mais pas majoritaires : selon les sondages, la proportion est d'environ 45%.

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