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Ecoresponsable même après sa mort : aux États-Unis, l'État de New York autorise à son tour le compostage humain

Aux États-Unis, l'État de New York vient d'autoriser le compostage humain. C'est le sixième en trois ans seulement. Avec une population de plus en plus soucieuse de l'environnement, la pratique pourrait bientôt concurrencer l'incinération et l'inhumation.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des corps pris en charge dans un funérarium du Maryland (Etats-Unis), le 24 décembre 2020. Photo d'illustration (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Vous voyez quand vous transformez vos épluchures de légumes en compost ? C'est pareil ! À votre mort, au lieu d'être incinéré ou inhumé, vous êtes enfermé dans une sorte de gros caisson rempli de copeaux de bois, de luzerne et de paille... En quatre à cinq semaines grâce à l'action des bactéries, le corps se décompose naturellement.

À la fin, pour les éliminer on chauffe le tout à 55°C et vos proches peuvent récupérer l'équivalent de deux grosses brouettes de compost, environ un mètre cube très riche en nutriments, qui peut servir à pour planter des fleurs, faire pousser des légumes ou des arbres. On parle aussi de "réduction organique naturelle" ou de "terramation".

"200% écologique"

SI vous voulez réduire votre impact environnemental, vous avez trouvé la solution. Le compostage humain est écolo à 200% ! L'entreprise américaine "Recompose", l'une des premières au monde sur ce créneau, assure que la terramation permet d'économiser environ une tonne d'émission de CO² par rapport à une incinération ou à un enterrement traditionnel. Très utile donc si vous voulez lutter contre le réchauffement climatique après votre mort – ce qui ne doit pas vous empêcher d'agir de votre vivant.


Avec le compostage humain, pas besoin non plus d'embaumer les corps en leur injectant des litres de formol, composant chimique très polluant qui se retrouve soit dans l'atmosphère soit dans les nappes phréatiques sous forme de formaldéhyde. Le compostage humain permet aussi de désencombrer les cimetières et son coût, environ 7 000 dollars, n'est pas plus élevé que pour des obsèques classiques.

Une pratique qui se développe

Bien sûr, cette technique est encore loin d'être la norme aux États-Unis, mais cela va assez vite. Le premier État à l'autoriser c'était celui de Washington en 2019. Le Colorado, l'Oregon, le Vermont et la Californie ont suivi.

À New York, les évêques catholiques s'y sont opposés, qualifiant la méthode d'"inappropriée". "Un processus qui convient parfaitement au retour à la terre des déchets végétaux ne convient pas nécessairement aux corps humains", a déclaré dans un communiqué Dennis Poust, directeur exécutif de la Conférence catholique de l'État de New York. "Les corps humains ne sont pas des déchets ménagers, et nous ne pensons pas que ce processus réponde à la norme de traitement révérencieux de nos restes terrestres."

Mais les pratiques changent, les interdits religieux sont moins forts, les pratiques funéraires moins ritualisées. La NFDA, la Fédération américaine des agences funéraires prévoit que dans une dizaine d'années, en 2035, 15 % des Américains seulement choisiront un enterrement traditionnel.

En Suède, la terramation est légale. Au Royaume-Uni, c'est un peu différent mais on autorise les enterrements naturels, sans cercueil. En France, c'est interdit.

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