Déportation : des enfants ukrainiens volés par la Russie racontent leur calvaire

Le "New York Times" publie une série de récits d'enfants déportés en Russie qui ont pu revenir en Ukraine. Cours en russe, apprentissage de l'histoire de la Russie, ils racontent l'endoctrinement dont ils ont fait l'objet en vivant dans des camps militaires.
Article rédigé par Dominique André
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un adolescent embrasse sa maman après l'arrivée du bus qui le transportait avec plus d'une douzaine d'autres enfants du territoire sous contrôle russe, à Kiev le 22 mars 2023. (SERGEI CHUZAVKOV / AFP)

C’est un des grands malheurs qui frappe l'Ukraine depuis le début l’invasion russe, le 24 Février 2022. Presque 20 000 enfants ukrainiens ont été déportés vers la Russie ou dans les territoires occupés par l’armée russe. Les derniers chiffres donnent le vertige, 387 seulement sont rentrés chez eux. Le travail est méticuleux, la tâche est gigantesque pour ceux qui tentent de ramener à la maison ces milliers d’enfants ukrainiens séparés de force de leur famille. Les autorités ukrainiennes ont commencé par identifier les enfants avec l’aide d’associations caritatives comme Save Ukraine, puis il a fallu les localiser grâce au soutien de réseaux de bénévoles ukrainiens et russes,  aller les chercher, traverser la Russie, pour qu’ils rentrent enfin chez eux.   

Le quotidien américain le New York Times publie, mardi 26 décembre, une série de récits de ces enfants qui font partie des 387 ramenés en Ukraine. Traumatisés, Ils racontent comment ils ont été emmenés de force par l’armée russe , puis les mois de terreur dans des camps de rééducation qui sont comparés à une essoreuse. Alexandre 11 ans raconte qu’il a été fait prisonnier avec sa mère dans le port détruit  de Marioupol, "on pleurait", dit le jeune garçon, je n’arrivais pas à croire qu’ils m’emmenaient. C'est sa grand-mère qu’il l’a retrouvé grâce aux réseaux sociaux dans un sanatorium. Elle a dû réunir les papiers nécessaires pour aller le chercher.

Yurii, 16 ans, était pour sa part inscrit à un camp d’été organisé par son école à Kherson. Comme lui, des centaines d’enfants heureux d'échapper à la guerre sont montés dans le bus des vacances mais ils ont été transportés dans des camps militaires en Crimée. Cela a duré pendant six mois. Sa famille a pris des risques pour aller le chercher. Tous n’ont pas eu cette chance, en particulier les orphelins  ukrainiens qui sont destinés à l'adoption par des familles russes.  

Déportation et endoctrinement

L’endoctrinement reste l'objectif de Moscou. On apprend dans l'enquête du New York Times qu’ils ont vécu dans des camps militaires, qu’ils ont pris des cours en russe, chanté l’hymne national russe, regardé des films et appris l’histoire russe. Ils ont, de plus, été formés à manipuler une arme. L'objectif, c'est qu’ils oublient qu’ils sont ukrainiens. 

Vladimir Poutine peut-il être poursuivi ? En mars, un mandat d'arrêt a été émis contre le président russe par la cour pénale internationale de la Haye, c'est le cas aussi pour la commissaire aux droits de l’enfant de Moscou. Le vol des enfants ukrainiens est qualifié de déportation et de transfert forcé de la population. Moscou tente actuellement d’empêcher le rapatriement des petits ukrainiens à coup de délivrance de passeports russes. La pression doit continuer pour que les responsables russes soient jugés.

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