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Crise climatique : "Pour arrêter la plus grande destruction de l'histoire de l'humanité", ces scientifiques passent à la désobéissance civile

"Les scientifiques sont parfaitement placés pour mener une rébellion" : c'est le mot d'ordre du collectif Scientist Rebellion, créé en 2020, qui regroupe 200 chercheurs et universitaires du monde entier. Tous ont décidé de passer à l'action face à l'urgence climatique.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre  la construction d'une autoroute entre Toulouse et Castres à Saïx (Tarn), le 22 avril 2023. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Ce n'est qu'un nouvel exemple. Parmi les manifestants présents ce week-end dans le Tarn pour protester contre le projet d'autoroute entre Toulouse et Castres, il y avait Christophe Cassou. Pour ce climatologue, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), co-auteur du 6e rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), s'engager de la sorte, c'est une première.

"Partout, dans le monde, comme on est entrés dans le dur, on assiste à une criminalisation des activistes climatiques, explique-t-il. C'est dans notre rôle de scientifique de défendre la liberté de contester certains projets". Christophe Cassou en appelle à la science, en expliquant que les rapports du Giec montrent que les mouvements de désobéissance civile non-violents peuvent accélérer prise de conscience des "enjeux climat" et prises de décisions. 

Un mouvement mondial 

Christophe Cassou est loin d’être le seul scientifique à franchir ce pas. C’est un mouvement mondial dont l’une des figures, s’appelle Peter Kalmus. Ce climatologue américain de la Nasa est allé plus loi : il s'est menotté, l'an dernier, à la porte d'une banque, JP Morgan Chase, qui finance avec générosité projets gaziers et pétroliers.  

En pleurs, il expliquait alors que les scientifiques ne sont pas écoutés. Il parle de cette action comme d'une prise de risques pour lui : risque juridique, risque de poursuites, puisqu'il a été arrêté. Mais risque pour sa carrière sans doute aussi. "Mais on a essayé de vous alerter les gars, pendant tant de décennies, dit-il. On va tout perdre. On ne plaisante pas. On ne ment pas. On n’exagère pas". Peter Kalmus prédit alors que de plus en plus de scientifiques s’engageront comme lui.  

200 scientifiques regroupés au sein du collectif "Scientist Rebellion" 

Aujourd'hui, un an après, le mouvement "Scientifiques en rébellion" revendique 200 chercheurs et universitaires mobilisés. Peter Kalmus en fait partie. La quinzaine de personnes qui ont collé l'une de leurs mains sur une voiture exposée à Munich, au siège de BMW il y a quelques mois, aussi.

Et ce passage à l’action, est souvent un cas de conscience. "Est-ce que m’afficher comme 'militant', va décrédibiliser mon travail de scientifique ?", "J’y ai beaucoup réfléchi". 'J’aurais préféré ne pas avoir à faire ça', sont des phrases qui reviennent souvent. Ces scientifiques à qui il est parfois reproché de sortir d’une forme de devoir de neutralité expliquent que leur job, ce n’est pas que la recherche, mais que c’est aussi l’alerte, la diffusion et la défense du savoir scientifique.

"Nous pouvons faire la différence", explique le collectif sur son site internet. Nous existons dans de riches pôles de connaissances et d'expertise ; nous sommes bien connectés à travers le monde et aux décideurs ; nous avons de grandes plates-formes à partir desquelles informer, éduquer et rallier les autres partout dans le monde, et nous avons une autorité et une légitimité implicites, qui sont la base du pouvoir politique. Nous devons faire ce que nous pouvons pour arrêter la plus grande destruction de l'histoire de l'humanité". Passer ce message, cela peut se faire, dans une conférence certes, mais aussi, dans la rue, sur un trottoir. La forme change, mais le fond du message, finalement, pas tant que ça. 

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