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Confrontée à la crise énergétique, la Suisse cherche des solutions pour réduire sa consommation

Le gouvernement s’est inquiété dimanche des conséquences de la guerre en Ukraine. Une de ses ministres a déclaré que la situation énergétique de la Suisse était "grave".

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 303 min
La flamme d'une bougie. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

La crise énergétique due à la guerre en Ukraine ne pousse pas les Suisses à prendre des mesures immédiates. C’est l’été, il fait chaud, si on leur explique maintenant comment économiser de l’énergie, "personne ne comprendra", explique la ministre suisse de l’Energie Simonetta Sommaruga.

Et c’est vrai que pour l’instant, tout va bien. En Suisse, une grande partie de l’électricité provient de l’énergie hydraulique. C’est donc l’hiver que le pays a besoin du gaz, dont il est entièrement dépendant. Le gaz sert pour le chauffage. Comme la Suisse n’a pas de capacité de stockage, il va falloir faire des efforts à un moment donné.

Pas de plan de réduction

Pour l’instant, l’inquiétude s’affiche dans les mots mais pas dans les actes. Le gouvernement fédéral va lancer une campagne sur l’économie d’énergie dans quelques semaines, il y travaille. La Suisse n’a pas encore de plan de réduction de consommation à grande échelle, comme l’Union européenne. Tous les États membres doivent depuis quelques jours essayer de réduire de 15%. Un tel acte serait "certainement judicieux", selon la ministre suisse de l’Energie. Mais elle laisse au Conseil fédéral le rôle de trancher. Elle suggère de limiter le chauffage dans les bâtiments publics. L’Allemagne et l’Espagne ont d’ailleurs déjà annoncé de telles mesures pour cet hiver.

L’Europe peut venir en aide à la Suisse ? Elle pourrait, mais elle ne le veut pas. Un accord sur l’électricité avec l’Union européenne faciliterait les choses. Mais depuis que la Suisse est sortie en 2021 des discussions sur l’accord-cadre qui devait homogénéiser et faciliter les accords bilatéraux entre les 27 et la Suisse, Bruxelles est bloqué. La Suisse essaye donc de négocier des accords bilatéraux, notamment avec l’Allemagne et l’Italie. Des accords dit "de solidarité" qui ne pourront être activés qu’en cas de pénurie. Ces deux pays sont stratégiques car le gazoduc qui les relie traverse la Suisse. Le scénario du pire a été anticipé. Dans une interview qui a fâché l’Italie, Simonetta Sommaruga a expliqué qu’elle pourrait détourner une partie du gazoduc. Une mesure qui est inscrite dans une clause du contrat en cas de pénurie.

Des bougies et du ski

Les autorités suisses se préparent donc au pire. Mais pas sans perdre leur humour. Un des responsables du secteur de l’électricité a demandé aux Suisses de préparer l’hiver en achetant… des bougies. Des coupures d’électricité pourraient intervenir dans les prochains mois.

Le secteur du tourisme d’hiver, lui, s’inquiète. Les domaines de ski sont dans le viseur. "Selon les chiffres des remontées mécaniques suisses, association faîtière, les tire-fesses, les télécabines, les canons à neige ou encore la restauration ont besoin de 183 gigawattheures (GWh) par an pour tourner. Ce chiffre correspond à peu près à la consommation de 30 000 à 40 000 ménages par an.", estime Marius Schwarz, chercheur à l'Energy Science Center de l'École polytechnique fédérale de Zurich. Par rapport à la consommation totale sur le sol helvétique, c'est toutefois moins de 1% », note le journal Blick

Il faudra voir quelles seraient les conséquences économiques et sociales d’une fermeture partielle des domaines de ski, qui rapportent beaucoup à la Suisse. Le pays sait se serrer la ceinture. En 1973, en plein choc pétrolier, la Suisse avait décrété trois dimanches sans voiture.

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