Chine : la colère des nationalistes contre les entreprises accusées d'avoir des liens avec l'étranger
En Chine, quand les nationalistes sortent du bois, cela peut avoir de très graves conséquences. Depuis le début du mois, des campagnes menées par les nationalistes chinois ont visé plusieurs entreprises accusées d’avoir des liens avec l’étranger. Dans le viseur notamment, le plus gros producteur d’eau minérale du pays, dont les ventes se sont aussitôt effondrées. Au cœur de la polémique il y a un homme : le milliardaire Zhong Shanshan, le fondateur du géant chinois des boissons Nongfu spring. L’équivalent de Perrier en France ou Vittel, mais à l’échelle chinoise. Les bénéfices de la société dépassent chaque année les 4 milliards d’euros.
Ce qui s’est passé il y a quelques jours ressemble vraiment à une opération commando lancée par les nationalistes chinois sur les réseaux sociaux. Ils reprochent d’abord à Nongfu les inscriptions sur ses bouteilles de thé, avec un style japonais. Et on sait que pour des raisons historiques, toute référence au Japon est généralement très mal vue en Chine.
Un passeport américain qui entraîne une plongée des ventes
Mais pire encore, les nationalistes ont révélé que le fils du milliardaire avait un passeport américain, insinuant que le géant chinois de l’eau pourrait un jour passer sous contrôle étranger. Insupportable pour les nationalistes. Alors c’est alors une véritable tornade qui a commencé à souffler sur les réseaux sociaux, des internautes en colère n’hésitant pas à se filmer en train de vider des bouteilles d’eau minérale dans des éviers.
Des magasins ont également décidé de ne plus vendre la marque. Une campagne tellement puissante que les ventes ont littéralement plongé début mars, avec moins 40% dans certaines provinces, représentant une perte très importante.
La crainte des entreprises étrangères sur les incertitudes autour du climat des affaires
Ce genre de campagne à caractère nationaliste illustre les incertitudes persistantes dans le climat des affaires en Chine. Et ce n’est pas bon du tout pour la deuxième économie mondiale, qui peine à se relever après le Covid. Le régime réaffirme régulièrement son soutien au secteur privé, mais les entreprises ont parfois la vie dure et sont confrontées, on le voit parfaitement avec cet incident, à un environnement commercial totalement imprévisible.
Les entreprises étrangères elles aussi s’en inquiètent. Selon un rapport de la chambre de commerce de l’Union européenne à Pékin, 55% des patrons européens se disent sous pression en raison d’un climat des affaires davantage politisé que l’an dernier.
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