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Ba Ag Moussa, cadre jihadiste tué au Mali par les soldats français de Barkhane

La France a annoncé ce vendredi la "neutralisation" au Mali d'un cadre opérationnel jihadiste de tout premier plan lié à Al-Qaïda. Une opération dirigée par la force Barkhane.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des militants du Groupe d'autodéfense touareg reviennent d'une patrouille devant la ville de Menaka, à l'est du Mali, le 14 mars 2020. (SOULEYMANE AG ANARA / AFP)

Son nom était associé à de nombreuses attaques dans la région ces dernières années : Bah Ag Moussa, 50 ans, chef militaire du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Gsim), était l'un des cadres historiques de la mouvance jihadiste au Sahel.

Acteur de la rébellion touareg

Ancien colonel de l'armée malienne, il est surtout un acteur majeur des rebellions touareg, population auprès de laquelle il jouissait aussi d'une grande popularité.
Réintégré dans l'armée en 1996 puis en 2006, il fait défection deux fois, vers la rébellion la première fois, puis vers le jihadisme en 2012.

Proche d'Iyad Ag Ghali, il fonde le groupe djihadiste Ansar Dine, pour lequel il recrute des combattants. En 2017, le groupe prend le nom Gsim et devient depuis l'une des principales forces jihadistes au Sahel avec son ennemi intime, l'État islamique au grand Sahara (EIGS).

Cible prioritaire de la force Barkhane, Bah Ag Moussa est soupçonné d'avoir dirigé plusieurs attaques d'ampleur contre les Maliens, dont une en juillet 2016 et l'autre en mars 2019 - elles avaient fait plus de 20 morts chacune.

Quinze minutes d'affrontements

L'opération a eu lieu mardi à environ 100 kilomètres, dans le nord-est du pays. Quatre hélicoptères et une quinzaine d'hommes ont été engagés : selon le porte-parole de l'état-major, les militaires français ont d'abord tenté d'intercepter le pick-up du jihadiste, repéré grâce au travail des services renseignement. Mais les occupants ont brusquement ouvert le feu, "avec des mitrailleuses et de l'armement individuel", provoquant une riposte. Selon le colonel Frédéric Barbry l'affrontement a duré une quinzaine de minutes, les cinq hommes ont été tués. Le fils de Bah Ag Moussa ferait partie des victimes.

La rumeur de sa mort circulait depuis sur les réseaux sociaux, qui diffusaient les images d’un véhicule calciné et de corps noircis, étendus à terre sur des nattes en plein désert.

Le 11 novembre, lors des commémorations de l'Armistice sous l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron s'était félicité d'une opération militaire menée la veille, quelques mots sybillins échangés avec le chef d'état major des armées. Les autorités ont toutefois attendu le 13 novembre, jour anniversaire des attentats en France, pour communiquer la nouvelle, via un communiqué de la ministre de la défense.

Un point pour Barkhane

En juin, l'armée française avait tué le chef historique d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdal. La victoire de prestige était indiscutable: l'Algérien était au coeur du jihad sahélien depuis 20 ans. Mais il restait éloigné du terrain et sa mort n'a pas changé la donne sécuritaire.

Celle d'Ag Moussa semble plus significative. C'est un sérieux point marqué par l'armée française, qui avait vu avec inquiétude et une certaine amertume la libération en octobre de plus de deux cents prisonniers, dont de nombreux djihadistes, en échange de la liberté de la française Sophie Pétronin et de l'opposant malien Soumaïla Cissé.

Lors de sa visite à Bamako fin octobre, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian avait défendu "la nécessité d'une offre de dialogue avec les groupes armés" jihadistes dans le cadre de la vaste concertation nationale tenue fin 2019.
Cette dernière frappe confirme toutefois que l'option militaire demeure privilégiée par la France, qui avait annoncé ces derniers jours des opérations distinctes contre le GSIM et l'EIGS, en revendiquant la "neutralisation" d'une centaine de jihadistes.

"Des coups sérieux sont portés contre le terrorisme islamiste", a réagi sur France Inter François Hollande ce vendredi matin. "Ce n'est pas parce que nous sommes encore attaqués sur notre propre sol qu'il faudrait perdre cette conscience-là. La bataille que nous avons engagée il y a déjà longtemps. Elle est pour partie gagnée", a ajouté l'ancien président de la République.

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