Au sommet des Amériques, Joe Biden à la peine avec les pays latino-américains
Le sommet des Amériques se tient en Californie depuis mercredi. Censé célébrer et relancer les liens entre les États-Unis et ses voisins, il met en réalité surtout un coup de projecteur sur leurs divisions.
Joe Biden a complètement raté son entrée en scène au sommet des Amériques qui se tient en Californie depuis mercredi 8 juin. Il a d'abord voulu choisir ses invités : exit Cuba, le Venezuela et le Nicaragua. Dans ces pays, a dit la Maison Blanche, la démocratie n'est pas suffisamment respectée. Conséquence : c'est le président mexicain qui s'est vexé. "Les États-Unis n'ont pas à se placer au-dessus des autres", a dit Andrés Manuel Lopez Obrador, qui restera chez lui en signe de protestation. C'est un peu gênant puisque le Mexique est le principal partenaire des États-Unis dans la région et il y avait au menu des discussions un gros dossier, celui de l'immigration.
Enfin, Washington a dû déployer des trésors de diplomatie pour convaincre d'autres dirigeants de ne pas mettre à exécution leur menace de boycott. Le Brésilien Jair Bolsonaro exigeait une rencontre en tête-à-tête avec son homologue américain. Il l'a obtenue et devait avoir lieu jeudi.
Une perte d'influence sur le continent
Les États-Unis perdent de l'influence en Amérique latine. Ainsi, il y a 20 ans, ils étaient quasiment les seuls à s'intéresser aux pays latino-américains. Après les attentats du 11-Septembre, ils se sont focalisés sur le Moyen-Orient. Aujourd'hui, c'est l'Asie-Pacifique qui retient leur attention.
Le vide qu'ils ont créé sur le continent a très vite été comblé par Pékin. La Chine investit aujourd'hui massivement dans les routes et les ponts, s'intéresse au canal de Panama, a un projet spatial en Argentine... Elle est même devenue le premier partenaire commercial de plusieurs pays sud-américains. D'après un think tank américain, le CFR, le président chinois Xi Jinping s'est rendu onze fois en Amérique latine depuis son arrivée au pouvoir en 2013. Joe Biden n'y a pas mis un pied depuis son investiture en janvier 2021.
Des positions ambivalentes sur la démocratie
Joe Biden se retrouve critiqué aussi pour ses positions ambiguës sur la démocratie. D'un côté il refuse d'inviter Cuba à cause de "réserves" sur les droits de l'homme mais de l'autre il prépare un voyage en Arabie saoudite, où il pourrait rencontrer le prince héritier Ben Salmane, accusé entre autres d'être reponsable de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Il y a quelques mois, Joe Biden - jamais avare d'indignations morales - promettait de faire du royaume pétrolier un "paria" de la scène internationale. Il est aujourd'hui en difficulté : les prix à la pompe n'en finissent plus de grimper et les Américains en colère risquent de le faire payer aux démocrates qui ne sont de moins en moins sûrs de garder le pouvoir au congrès. Obtenir de Ryad plus de production pour faire baisser le cours de l'or noir est dans son intérêt. Cela vaut bien quelques concessions
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.