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Au Japon, un gouvernement âgé reflet de la société

Au Japon, le nouveau Premier ministre Yoshihide Suga, tout juste investi par le parlement, est en train de former son gouvernement. Son équipe ne sera pas de la toute première jeunesse...

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Yoshihide Suga, nouveau Premier ministre japonais.  (NICOLAS DATICHE / POOL)

À bientôt 72 ans, le nouveau Premier ministre, Yoshihide Suga, fils d'un cultivateur de fraises et politicien sans charisme, plus pragmatique qu'inventif, a la réputation d'être un bourreau de travail. Levé à 5 heures du matin, il dort fréquemment dans un dortoir près de son bureau. Est-ce le secret de sa longévité en politique ? Fidèle lieutenant de Shinzo Abe, son prédécesseur, ex-porte-parole du gouvernement, il s'est en tout cas engagé à agir "dans la continuité".


Yoshihide Suga va donc garder à ses côtés Taro Aso, vice-premier ministre de 80 ans et ne pas toucher aux vieux caciques du parti libéral démocrate et à leur inamovible patron de 81 ans. Ce sont eux qui ont permis sa nomination : il ne peut que leur renvoyer l'ascenseur. Dans l'équipe précédente, il pourra également choisir de reconduire le ministre de la reconstruction (71 ans) ou celui qui est en charge de la sécurité alimentaire (72 ans).

Des hommes âgés et pas de femmes

Pour le reste, les sexagénaires sont largement majoritaires. À noter qu'il n'y avait que 2 femmes ministres dans le gouvernement de Shinzo Abe sur une vingtaine de portefeuilles. La situation ne devrait pas changer à ce niveau non plus. 

L'absence de femmes aux responsabilités et des dirigeants de plus en plus âgés reflètent en fait la société japonaise. Souvent décrit comme le pays "le plus vieux du monde", le Japon compte 28% de personnes de plus de 65 ans dans sa population selon les estimations de l’Institut national de recherche sur la protection sociale et la population.

Le pays le plus vieux au monde

Depuis 50 ans, au Japon, le nombre de centenaires ne cesse d'augmenter. Ils sont désormais plus de 80 000. En proportion, c'est deux fois plus qu'en France.

L'espérance de vie au Japon est l'une des plus élevées au monde (84 ans) et le déclin démographique (moins de 40 millions d'habitants d'ici 2060) une préoccupation majeure : les Japonaises ne font plus d'enfants. Dans le monde de l'entreprise, une femme sur trois se retrouve encore aujourd'hui poussée vers la sortie après un accouchement. C'est ce qu'on appelle le matahara ("harcèlement maternel"), ce qui décourage forcément les projets de maternité. 


Shinzo Abe avait promis d'améliorer les choses, de doper le taux de fécondité. C'est raté. Mais il y a un espoir : le nouveau Premier ministre, toujours dans la continuité, a entre autres promis que les traitements contre l'infertilité seraient désormais remboursés par l’assurance maladie.

La relance de l'économie, chantier numéro 1

Au Japon il n'y a quasiment pas de chômage : 2,4%, le plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. Et ce n'est pas parce que l'économie se porte bien mais parce qu'il n'y a tout simplement pas assez d'actifs. Lorsque 100 offres d'emploi sortent sur le marché, 62 personnes au maximum cherchent du travail en face.


De plus en plus de Japonais sont déjà contraints de travailler au-delà de 65 ans, l’âge de départ à la retraite à taux plein et le gouvernement envisage de porter cet âge à 70 ans. Autant dire que l'on n'est pas prêt de voir un gouvernement de jeunes à la tête du Japon.

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