Le monde de Marie. L'enquête sur l'incendie de la Grenfell Tower à Londres en juin pointe le "système" thatchérien
Le 14 juin dernier, la Grenfell Tower, immeuble situé à l'ouest de Londres, prenait feu et faisait 71 victimes. Que s'est-il passé ? Une commission d’enquête vient de publier de nouveaux éléments qui expliquent le drame.
L'enquête a été menée par Dame Judith Hackitt, une ex-ingénieure chimiste qui a longtemps siégé à la Commision santé et sécurité nationale. Dame Judith Hackitt sait donc de quoi elle parle quand il s’agit d’évaluer les problèmes techniques qui ont conduit à cet incendie en plein cœur du quartier le plus riche de Londres.
Matériaux inflammables
Sans surprise, c’est le revêtement extérieur, inflammable qui est le principal responsable de la vitesse à laquelle s’est propagé l’incendie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce type de revêtement extérieur est interdit aux Etats-Unis. Mais au delà de ces détails techniques, ce que pointe le rapport de Dame Judith Hackitt, ce sont les défaillances d’un système qui a fait le choix du libéralisme.
L'héritage de Thatcher en cause
Ce système, hérité de Margaret Thatcher, tendu entièrement vers le profit, ne supporte pas les régulations. Par exemple, celle d’installer des capteurs anti-feu dans les nouvelles constructions. Sauf que, aujourd’hui l’Angleterre ne dispose d’aucune réglementation pour la construction d’immeubles.
Pire encore, on apprend dans le rapport que les matériaux destinés notamment aux revêtements, ne sont jamais testés en conditions réelles, en extérieur. Le revêtement de la Grenfell Tower avait seulement été testé sur un ordinateur. Mais attention, rien de tout cela n’est illégal.
Le système des services de pompiers défaillant
Autre problème créé cette fois par Tony Blair au début des années 2000 : la privatisation des services de pompiers qui aboutit à un concurrence entre les services, pour décrocher de nouveaux marchés, mais pas tellement au service du public. Mais qui a abouti surtout à licencier 11 000 personnes. Dérégulation, profits et réduction des coûts, c’est toute la doctrine thatchérienne qui est aujourd’hui dans le viseur de ce rapport. C’est dire le choc culturel pour les Anglais, qui attendent maintenant des actes, qui viendront peut-être avec un gouvernement travailliste.
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