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Vincent Dedienne sur scène pour "Un soir de Gala" : "C'est toujours une petite adrénaline, un danger, mais c'est délicieux"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’acteur, humoriste, auteur et metteur en scène, Vincent Dedienne. Il sera sur la scène du théâtre Marigny du 21 juin au 2 juillet 2022 pour son nouveau spectacle, "Un soir de Gala".  

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le comédien Vincent Dedienne à Deauville (Calvados) le 7 septembre 2020 (FRANCK CASTEL / MAXPPP)

Vincent Dedienne est acteur, humoriste, auteur, metteur en scène et chroniqueur. Beaucoup ont été convaincus, très tôt, que ce touche-à-tout avait du talent, qu'il était fait pour le théâtre, pour la scène, pour l'écriture. Après ses professeurs, ce sont François Rollin, Laurent Ruquier ou encore Catherine Hiegel qui ont été séduits. Il a étudié le théâtre classique, fait ses débuts à la télé sur Canal+, puis sur TMC avec Yann Barthès dans Quotidien. Il a aussi officié à la radio sur France Inter.

Son plus grand plaisir, c'est le spectacle, le one-man-show. Son petit dernier s'intitule Un soir de gala et il sera au théâtre Marigny, du 21 juin au 2 juillet prochain.

franceinfo : Sur l'affiche, on vous voit sur un plongeoir, au-dessus de l'eau, le regard tourné vers l'océan. Vous êtes à deux doigts de tomber la veste, prêt à vous jeter à l'eau. Ça veut dire que de monter sur scène, ça donne cet effet-là ?

Vincent Dedienne : Oui, ça parle aussi de ça. Je voulais une affiche qui induise l'idée qu'il y a un âge où on commence à douter de sa capacité à prendre des risques, à sauter des rochers etc... Oui, la scène, c'est toujours une petite adrénaline, un danger, mais c'est délicieux.

Comment vivez-vous cette scène ? On a le sentiment que vous êtes indestructible quand vous faites des chroniques, et en même temps, on vous sent extrêmement fragile, en force, avant de monter sur scène.

Je ne sais pas trop. Je crois que ce qui me plaît et qui fait que j'y retourne et que j'adore jouer beaucoup, longtemps, faire de grandes tournées, c'est que je ne sais pas ce qui s'y passe. C'est mystérieux d'être sur scène. C'est mieux que la vie, en tout cas, c'est là où je me sens le plus utile, le plus à ma place, le plus réconcilié avec moi-même.

Sur scène, il y a quelque chose qui me donne de la force et de la joie.

Vincent Dedienne

à franceinfo

En fait, la vie, c'est quand même souvent un peu contrariant et la scène, surtout seul en scène, ça ne l'est jamais. C'est un exercice de liberté totale. Je m'en méfie aussi car on est quand même seul. C'est très autoritaire. On demande aux gens de se taire, de payer. On est dans la lumière. C'est une ivresse un petit peu égotique aussi. C'est pour ça que je trouve que c'est bien de partager la scène avec d'autres et de ne pas jouer que ses propres textes.

On garde nos yeux d'enfant, à travers ce spectacle. La première chose qu'on entend, c'est votre voix. L'homme adulte que vous êtes devenu écrit à l'enfant, l'adolescent que vous étiez. Ça veut dire qu'il y a un écho entre le petit garçon et l'homme que vous êtes devenu ?

J'ai vraiment la sensation d'avoir exaucé l'enfant et l'adolescent, surtout l'adolescent que j'étais. Enfant, je n'étais qu'une petite boule d'angoisse à l’idée de ne pas faire ce métier. Je ne pensais qu'à ça et peut-être au fait que je n'y arriverais pas. Il y a une chanson de Souchon qui s'appelle Le Bagad de Lann-Bihoué, dans laquelle il dit : "Tu ne la voyais pas comme ça, ta vie. Tu la voyais grande et c'est une toute petite vie". Moi, j'avais très peur d'avoir une toute petite vie. Cela ne veut pas dire que c'est forcément une grande vie, d'être artiste, mais en tout cas, moi, je sentais que ma grande vie, ça allait être d'être sur scène et de pouvoir faire ce métier. J'avais d'autant plus peur que, en Saône-et-Loire, quand j'étais jeune, dans les années 90, dire : je veux faire du théâtre, je veux montrer à Paris etc... Ça n'allait pas de soi. Aujourd'hui, quand je monte sur scène et qu'il y a cette voix off, c'est aussi une manière de dire à l'enfant que j'étais : c'est bon, je ne t'ai pas déçu. Je t'ai exaucé.

Les gens vous ont fait confiance très vite, à commencer vos professeurs de français, de théâtre...

Oui. Et j'ai vraiment eu des très grands professeurs de français qui m'ont fait aimer la littérature, sentir que dans un livre, même si c'est le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, même si c'est Chrétien de Troyes, même si c'est des choses qui peuvent paraître un petit peu austères dans un livre, il y a une chasse au trésor à faire. Et après, moi, j'ai toujours eu besoin d'avoir des icônes comme Muriel Robin, François Rollin, Pierre Palmade et leur plaire, les épater, ne pas les décevoir, ça me guide. Ce sont des phares importants.

Le fil rouge tout au long de ce spectacle, ça reste la voix. Quelle place elle occupe dans votre vie ?

Je trouve que la voix, ça provoque tout de suite de l'émotion et de la nostalgie. Je suis plus à l'aise avec ma voix qu'avec mon corps. Ça va de mieux en mieux, mais c'est vrai que ma voix c'est comme un instrument de musique. C'est mon seul, finalement, petit rapport à la musique.

Dans ce spectacle, vous incarnez une galerie de personnages qui sont totalement opposés, qui n'ont pas du tout les mêmes âges. C'est assez nostalgique. Il y a un vrai regard sur l'enfance.

On ne se remet jamais de son enfance. Je suis inconsolable de voir ce temps-là s'accélérer.

Vincent Dedienne

à franceinfo

C'est bien de grandir, mais le chemin est quand même un peu fatal, on le sait ! Ça passe vite.

Ça vous fait peur alors que vous n'avez que la trentaine ?

C'est bizarre, je sais. Je n'ai que 35 ans. Un jour, quelqu'un m'a dit : "Tu dois avoir une vieille âme". Je n'avais jamais entendu cette expression et je pense que ça doit être vrai. J'ai l'impression d'être Régine, d'être aussi vieux que les gens qui l'ont connue.

Comment vous définissez-vous ?

Le premier mot qui me vient, c'est comédien quand même parce que j'ai l'impression que c'est mon métier. Un comédien un peu vintage et joyeux, très joyeux, qui a été plutôt choyé jusqu'à maintenant par l'existence et qui essaye de redistribuer cette joie un peu autour.

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