"Un violon à Paris" : Renaud Capuçon a réenregistré ses "concerts de confinement"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le violoniste Renaud Capuçon.
Violoniste connu et reconnu, Renaud Capuçon a illuminé le confinement des Français en mars 2020 avec le pianiste Guillaume Bellom en offrant chaque jour des concerts en direct. Ces représentations sont disponibles depuis le 12 novembre dernier sous forme d'album, Un violon à Paris.
franceinfo : Renaud Capuçon, ce disque fait office de témoignage, de reconnaissance envers un public qui vous a accompagné pendant cette pandémie ?
Oui, ça a été spontané pour moi de vivre cette période en musique, de partager avec un public, et peut-être aussi une façon d'adoucir le confinement de certains. On a tous vécu cette période différemment, certains douloureusement. En ce qui me concerne, j'ai eu la chance d'être en bonne santé, mais c'est vrai que ça a été une table rase sur beaucoup de choses, notamment sur les concerts. On a eu ce bonheur d'être en famille, mais la musique et le partage manquaient. Comme ça a été diffusé de manière précaire (Guillaume Bellom m'envoyait ses musiques, je les diffusais sur un haut-parleur et jouais par dessus), on a voulu rendre ça un peu mieux, c'est pour ça qu'on a tout réenregistré en studio.
Ces morceaux vous représentent aussi, il y a à la fois des grands classiques avec Bach du Chopin, mais aussi des pièces intemporelles, du Ennio Morricone, et même du Charlie Chaplin !
Je me définis comme un musicien le plus organique possible, qui aime partager la musique avec le plus grand nombre. Ces morceaux sont assez courts, cinq minutes maximum, c'est peut être moins intimidant qu'une symphonie entière. Si ça peut être une porte d'entrée vers le classique, c'est magnifique.
Est-ce que vous avez des émotions à travers votre violon, ce que vous vivez, ce que vous ressentez ?
"J'ai plus d'émotions quand j'écoute de la musique que quand je la joue."
Renaud Capuçonà francinfo
Si en tant qu'interprète je suis très ému, ça va casser la transmission de cette émotion au public, c'est un jeu dangereux. Il faut avoir une forme de filtre quand on est interprète pour transmettre cette émotion, n'être qu'un vecteur. Il m'est arrivé une fois de pleurer sur scène, mais c'est moi qui étais ému, pas le public.
Vous avez commencé le violon très tôt, à 4 ans.
J'aimais la musique, je crois que j'ai été happé, la musique me rassurait, alors que je n'étais même pas quelqu'un d'anxieux. D'aussi loin que je me souvienne, la musique m'a fait du bien. C'est le but de ce disque, il a une fonction thérapeutique. Ces musiques ont fait du bien pendant le confinement, je pense qu'on peut revivre certains moments heureux en le réécoutant.
Vous avez compris très vite que la musique allait faire partie de votre vie ?
Oui, et encore une fois que ce qui était important, c'est le partage. Ce n'est pas jouer tout seul dans sa chambre, c'est jouer avec d'autres, jouer pour le public. Ce disque c'est aussi ça, partir d'une situation où tout était à l'arrêt, et transformer l'essai en essayant de faire passer la musique avec les moyens du bord.
Bach occupe une place importante dans votre vie.
Bach c'est le pain quotidien, le coeur du réacteur. Sans lui, la musique n'est pas. On peut s'imprégner de sa musique comme on peut prendre un médicament, faire une thérapie, prier... La musique de Bach, elle fait du bien, et c'est quasiment la seule que j'ai écoutée pendant toute cette période.
Quelle place occupe la musique dans votre vie ?
Une place centrale, même si j'en joue plus que je n'en écoute. Je me suis rendu compte du bonheur que c'était de retourner dans les salles de concert, en tant qu'auditeur aussi, je me suis rendu compte à quel point ça nous a manqué, à quel point c'est une nourriture de l'âme. S'il faut trouver du positif à cette période, c'est de nous rendre compte à quel point la culture est aussi essentielle chez nous que de boire de l'eau ou manger du pain.
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