Soprano : "Se renouveler, c'est se remettre en danger, démarrer une nouvelle aventure"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Cette semaine, le chanteur, rappeur et compositeur Soprano. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables.
Soprano, chanteur, rappeur et compositeur, est devenu en quelques années un incontournable de la scène urbaine et de la variété française. Le symbole que tout est possible si on garde la passion et l'envie comme seuls moteurs.
Il passe cette semaine sur franceinfo et évoque son enfance dans les quartiers Nord de Marseille, son groupe Psy 4 de la rime, sa rencontre avec Akhenaton d’IAM ou encore sa carrière solo sans jamais se départir de son sourire et de son regard bienveillant sur le monde qui l’entoure.
Plus de 3 millions de disques vendus, plus d'un million de spectateurs lors de sa dernière tournée. Une série lui est même consacrée sur Disney + depuis le 15 juin dernier. Six épisodes pour mieux comprendre qui est Soprano, comment il a grandi et percevoir son lien indéfectible avec la ville de Marseille qui a joué un grand rôle dans son processus de création et d'écriture.
Son dernier album, Chasseur d'étoiles, est ressorti augmenté de trois titres inédits.
franceinfo : Au départ, il y avait cette envie d'en découdre avec la vie, l'envie de construire un avenir meilleur et positif avec vos amis et les Psy 4 de la rime. En 2008, lors de la cérémonie de musique classique, vous remportez le Prix du meilleur album pour Puisqu’il faut vivre et À la bien vous permet aussi de recevoir celui de la meilleure chanson. Comment avez-vous vécu d'être adoubé par une cérémonie aussi importante et qui est loin finalement de votre musique ?
Soprano : La récompense qui m'a le plus touché, c'est une récompense afro. J'avais chanté Puisqu'il faut vivre. Je voyais des gens dans la salle qui pleuraient. Ça m'a beaucoup, beaucoup ému parce qu'à la base, cet album, je l'avais fait pour soigner mes démons.
"J’avais écrit 'Puisqu’il faut vivre' pour pouvoir tourner une page et partir un peu plus dans le positif, essayer de construire ma vie parce que vraiment, je n'étais pas dans un bon ‘mood’."
Sopranoà franceinfo
Quand je vois l'impact que cet album a eu sur beaucoup de générations, ça m'a beaucoup, beaucoup touché.
En 2010, votre album, La Colombe, se classe parmi les meilleures ventes d'albums en France. Il devient d'ailleurs disque d'or. Votre carrière est lancée, mais surtout, vous avez été propulsé déjà très loin, très haut. Comment avez-vous vécu cette ascension ?
Je l'ai vécue avec mes amis. On a pris beaucoup de recul et en plus, j'avais entre cet album-là et l'album précédent, sorti un album avec mon groupe. Du coup, cela m'a protégé de me mettre derrière mes amis parce que quand tu fais de la promo, quand tu vis un truc, un succès comme ça, tu te le prends en pleine figure, tout seul. Et quand tu retournes avec ton groupe, vous partagez ce magnifique poids.
Comment ça s'est passé dans le quartier ?
Ça me faisait rire. Des gens dans le quartier qui, par exemple, ne me parlaient pas beaucoup ou peut-être que je ne connaissais que de loin disaient à chaque fois : "Lui, il était à l'école avec moi ! Lui, je le connais !" Quand on passait à la télé, on recevait des messages des gens du quartier : "On a les larmes aux yeux. On n'aurait jamais cru. Tu parles de notre quartier". C'était beaucoup, beaucoup de fierté et encore aujourd'hui, il y a beaucoup de fierté dans mon quartier.
Trois singles sortent de cet album : Crazy, Château de sable et Hiro avec Indila, musique signée Skalp. Vous faites référence au pouvoir temporel du personnage fictif Hiro Nakamura de la série Heroes qui peut voyager dans le temps et qui fait tout pour empêcher les mauvaises choses. Il tente de vivre ou de revivre des moments très importants pour lui. Qu'est-ce que vous aviez envie de vivre ou de revivre à ce moment-là ?
Le message de cette chanson, c'est l'envie de voyager à travers le temps, de changer des moments de l'Histoire ou de notre vie, ou même revivre des moments magnifiques. Dès la première phrase, je dis : j'aurais aimé revivre la naissance de mes enfants parce que c'était extraordinaire. Mais le truc le plus important, c'est de profiter du moment présent. Vu qu'on ne sait pas ce qui va se passer. Il vaut mieux dire qu'on aime les gens maintenant avant qu'il ne soit trop tard.
Vous avez pris le temps quand même de profiter de ce qui vous arrivait ? C'est un peu une course-poursuite. Il y a ces victoires, cet amour du public, mais aussi le fait de se dire : il faut que je dure, il faut que je perdure, il faut que je reste.
Je bosse beaucoup et surtout j'aime la musique. J'essaie d'évoluer et je pense que le fait de changer de style tout le temps, c'est ce qui a permis de me faire durer. Se renouveler, c'est se remettre en danger donc démarrer une nouvelle aventure, réapprécier un nouveau personnage, une nouvelle route et je trouve que ce n'est pas l'arrivée, mais le voyage qui est le plus important.
Ce titre, Hiro, est une partie de ce qui vous définit. C'est comme ça que vous avez toujours avancer. Elle représente quoi cette chanson dans votre répertoire ?
C'est ma chanson préférée. Que j'aime faire sur scène, que j'arrive à réécouter, il y a tout ce qui est un peu moi.
"Dans ‘Hiro’, je parle de ma famille, je parle de mes idées, je parle de mes regrets, je parle de ce qui me révolte dans le monde, de ce que j'aurais aimé revivre parce que c'étaient des moments magiques."
Sopranoà franceinfo
Quand je parle du moonwalk de Michael Jackson, j'aurais aimé être là, le vivre. Mais comme j'aurais aimé changer certains moments de l'Histoire. Le meilleur moment, c'est quand je l'ai chanté au Togo. J'étais monté sur scène, je commence à chanter et je vois des militaires avec des armes, des mamans et il y a une phrase ou je dis : "J'aurais été dans le bus, en Angola, de l'équipe d'Adebayor pour leur dire de ne pas prendre la route". Sur le coup, je ne fais pas gaffe. C'était l'histoire d'une équipe, l'équipe du Togo, qui avait pris pendant la CAN un chemin où il y avait des mecs qui sont arrivés armés, qui ont tiré. Et juste à ce moment précis, quand je fais ça, tout le monde crie : "Les militaires à côté, ils tirent".
Il y a quelqu'un qui monte sur scène avec le drapeau qui m'entoure. Les frissons me sont montés, les gens qui pleurent arrivé à cette phrase et la personne qui m'a mis le drapeau me parle à l'oreille et me dit : "J'étais dans ce bus". Cette chanson m'a fait vivre des moments extraordinaires.
Soprano sera en concert en 2023 : le 13 février 2023 à Epernay, le 24 à Toulon, le 25 à Montpellier, le 4 mars à Amnéville, les 11 et 12 à Nantes, le 17 à Châteauroux, les 18 et 19 à Dijon ou encore le 6 mai au Stade de France à Saint-Denis.
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