Selah Sue de retour avec "Persona", un album éclectique et intime
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteure, compositrice et interprète belge, Selah Sue. Elle revient avec un nouvel album après sept ans d’absence et est en tournée dans toute la France.
Selah Sue est autrice-compositrice et interprète belge. Son premier album, sorti en 2011, intitulé Selah Sue, l'a propulsée sur le devant de la scène et en tête des ventes. Elle a travaillé avec Guizmo, Nekfeu, et aussi Prince. Son titre Raggamuffin est classé dans les pépites, les incontournables. Après sept ans d'absence discographique, Selah Sue est de retour avec un nouvel album, Persona, et est en tournée dans toute la France.
franceinfo : On a l'impression que ce nouvel album est celui du lâcher-prise !
Selah Sue : Intime, peut-être ! Quand j'écris une chanson, c'est toujours pur et honnête, vraiment comme un journal intime. Chaque chanson est écrite par une autre personnalité donc c'est vraiment intime.
Ça veut dire qu'en fait, c'est aussi une rencontre avec les personnes qui font partie de vous, qui vous habitent depuis l'adolescence ?
Oui, les deux dernières années, pendant le confinement, les personnalités sur l'album, c'étaient vraiment celles que j'ai découvertes ou redécouvertes. Ce n'est pas facile parce qu'il y a des personnalités que je n'aime pas vraiment, comme la mélancolique ou la critique. C'est aussi une manière de m'accepter. C'est une forme de thérapie que je fais avec mon psychiatre, mais aussi dans l'album.
La musique a joué un rôle d'apaisement ?
Quand j'écris et chante, c'est là que je peux laisser partir mes émotions. C'est une bonne manière pour moi de lâcher prise.
"La musique est une bonne manière, pour moi, de placer mes émotions."
Selah Sueà franceinfo
Vous avez eu besoin, parce que cette ascension a été fulgurante, de mettre la musique de côté, de ne pas l'écouter et de vous occuper de vos enfants parce qu'ils sont devenus finalement vos piliers.
Oui ! Pour moi, c'est vraiment important d'être là. Cela faisait dix ans que j'étais en tournée tout le temps, faire des interviews... c'était cool, mais c'était trop. C'était une vraie décision de prendre une longue pause juste avec mes enfants. Quand j'ai écrit cet album, il y a quelques années, c'était juste la mère qui parlait, mais maintenant, je ne suis plus juste la maman, je suis aussi d'autres personnalités. Pas juste une femme très sensible, mais aussi une femme avec de la force.
Notre première rencontre a eu lieu au moment du single Alone, inclus dans l'album Reason en 2015. Vous n'êtes plus la même. Votre regard était baissé et on sentait qu'il y avait des démons. Ça va mieux aujourd'hui ?
Oui, heureuse. Et je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que je suis plus âgée... J'ai arrêté aussi les médicaments. C'est aussi une grande étape. Les antidépresseurs m'ont sauvé la vie quand j'avais 18 ans, pour aller mieux mais maintenant, je n'en ai plus besoin et c'est bon !
Le succès avec Raggamuffin et ce premier album qui s'est écoulé à plus d'un million d'exemplaires ne vous a pas fragilisée, bien au contraire, parce que vous aviez déjà fait ce travail psychologique.
En arrêtant les antidépresseurs, j'ai fait quand même trois burn out car avec, c'était possible de ne pas trop sentir la pression. C'était plus facile parce que je n'avais pas de limites et que je pouvais les dépasser.
Je voudrais qu'on parle de l'éclectisme de cet album. Il y a beaucoup de choses à l'intérieur, en même temps, c'est un peu comme ça que vous êtes. Il y a de la pop, de l'électro, du drum and bass, du rap des années 90, de la soul. Est-ce que la soul est la base ?
Oui, c'est la musique de l'âme. Je pense que quand tu as 14 ou 15 ans, tu es vraiment ouvert. Et quand tu écoutes la musique, tu prends tout !
Il y a aussi des duos avec des rappeurs, parce que vous aimez bien être un peu chahutée. Ça aussi, ça fait partie de votre évolution ?
J'aime beaucoup les rappeurs et je pense que ça marche très bien avec ma voix. Je trouve que c'est très cool, mais je suis très sensible à quelle sorte de rap, ça doit être profond. Et le son des voix est aussi très important.
Vous l'aimez, votre voix ? Vous avez mis du temps à l'adopter, à l'aimer !
Oui. J'aime ma voix et quand je dis ça maintenant, je pense : tu es trop arrogante, tu dois être modeste. Mais non ! Pourquoi pas ! J'ai mis du temps à l'aimer et je pense surtout à la manière dont je l'utilise pour rapper, par exemple. Je l'avais fait un petit peu avec Raggamuffin, mais avec Kingdom quand je fais ça, je suis sûre de moi.
Heureuse de monter sur scène ? Oh oui ! Voir les visages sans les masques. J'espère que les gens pourront s'aimer, s'embrasser ! Et puis aussi cette énergie, j'ai vraiment besoin de ça. C'est juste une grande explosion d'amour sur scène, vraiment.
Selah Sue en tournée dans toute la France : le 10 avril à Rennes, le 11 juin à Amiens, 23 juillet à Brive et bien d’autres dates.
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